jeudi 21 avril 2011

Mystérieuses structures circulaires au fond de la baie d'Hudson


Les chercheurs ont repéré deux types de structure sous-marine sur les fonds de la baie d'Hudson: des évents (en haut à droite sur la photo), qui ont l'allure de dépressions circulaires d'une centaine de mètres de diamètre, et des formes circulaires deux fois plus grandes avec un dôme central.
 
Des géographes du Centre d'études nordiques découvrent des formes sous-marines inédites au fond de la baie d'Hudson.
 
Non, ce ne sont pas des traces d'impact de météorites ni des empreintes laissées par des vaisseaux extraterrestres. Pour des géomorphologues, toutefois, c'est tout aussi excitant. Jonathan Roger et Patrick Lajeunesse, du Département de géographie et du Centre d'études nordiques, ont découvert, au fond de la baie d'Hudson, des formes sous-marines jamais observées ailleurs dans le monde jusqu'à présent. Les deux chercheurs et leurs collègues Mathieu Duchesne et Nicolas Pinet, de la Commission géologique du Canada (CGC), et Guillaume St-Onge de l'UQAR, présentent tout ce qu'ils ont recueilli comme information au sujet de ces étranges structures dans un rapport qui vient d'être remis à la CGC.
 
Dans la nuit du 17 juillet 2010, à 0 h 53, alors que le navire de recherche Amundsen croisait dans les eaux de la baie d'Hudson pendant une mission d'ArcticNet, une image étonnante est apparue sur l'écran du sonar multifaisceaux utilisé pour cartographier les fonds marins. «Le capitaine Stéphane Julien m'a réveillé en me disant que quelque chose d'inhabituel avait été repéré, se souvient Jonathan Roger. Ma première réaction en voyant l'image a été "C'est quoi ça?". C'était du jamais-vu pour moi.» Sentant qu'il est tombé fortuitement sur quelque chose d'inédit et d'important, l'étudiant-chercheur convainc le capitaine de modifier l'itinéraire du navire pour effectuer quelques passages au-dessus de la zone, dans l'espoir de recueillir le plus de données possible sur ces structures.
 
Les formes sous-marines en question résultent du remodelage des sédiments de sable et d'argile qui reposent au fond de la baie d'Hudson. Les chercheurs les ont classées en deux types. Les premières, appelées évents, avaient déjà été signalées à différents endroits dans le monde. Ce sont des dépressions circulaires dont la profondeur varie de 10 à 20 mètres et dont le diamètre fait jusqu'à 100 mètres. «Les évents sont souvent associés à la présence d'hydrocarbures dans les couches sous-jacentes, explique Jonathan Roger. Leur formation résulterait de l'expulsion, à travers une couche géologique perméable ou par une fracture, d'un gaz ou d'un liquide. Ici, il pourrait s'agir d'hydrocarbures ou d'eau. Les données dont nous disposons ne permettent pas de trancher la question.»
Des remontées de sel ?
Le second type de structures, que les chercheurs se limitent pour l'instant à nommer "formes circulaires", est inédit. Elles ont été découvertes au centre de la baie d'Hudson, mais il n'est pas exclu que d'autres secteurs de ce plan d'eau en abritent. Ces anneaux ont un diamètre qui dépasse 200 mètres et une profondeur d'une dizaine de mètres; un dôme se dresse en leur centre. Comme il existe une couche de sel d'une trentaine de mètres d'épaisseur sous les premières couches qui forment le fond de la baie d'Hudson, il pourrait s'agir de remontées de sel.
 
Les chercheurs ont plus de certitude quant à l'âge des deux types de structure: elles auraient été formées après les dernières glaciations, il y a moins de 8500 ans. En effet, les cicatrices laissées par les icebergs sur les fonds de la baie d'Hudson s'arrêtent brusquement lorsqu'elles croisent des évents ou des formes circulaires. «Si les icebergs étaient passés après la formation de ces structures, ils les auraient aplanies», explique Jonathan Roger.
 
L'étudiant-chercheur ne cache pas son enthousiasme face à cette découverte. «Ce n'est pas le sujet de ma maîtrise, mais j'y ai consacré beaucoup de temps parce que c'est fascinant.» Il est toutefois conscient que beaucoup de questions sont présentement en suspens. «Nous aimerions retourner dans ce secteur pour prélever des carottes de sédiments dans les deux structures, pour faire la sismique afin de déterminer la nature des couches sous-jacentes sans avoir à forer et pour récolter des données sur la composition de la colonne d'eau. Ces informations nous permettraient de savoir de quoi ces formes sont composées et de mieux comprendre comment elles ont été formées. Nous pourrions aussi savoir si les évents sont toujours actifs et déterminer ce qui s'en échappe.» Les chercheurs devront toutefois faire montre de patience. En raison de la forte demande pour l'Amundsen, l'expédition pourrait avoir lieu, au mieux, en 2012.
 
Source: Jean Hamann - Université Laval
Merci Dav   "2012 un nouveau paradigme"

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