jeudi 22 septembre 2011

« Cancer du pressing » : première mise en examen

Des vêtements dans un pressing (Mezone/Flickr/CC).

Un gérant de pressing utilisant du perchloroéthylène (solvant) est mis en examen pour homicide involontaire. Une première en France.

On le sait dangereux pour l'environnement. La justice dira bientôt si le perchloroéthylène, un solvant utilisé pour le nettoyage à sec, l'est également pour notre santé. Daniel M., ancien gérant d'un pressing à Nice, a été mis en examen vendredi 16 septembre pour homicide involontaire. Cette inculpation fait suite au décès de José-Anne Bernard le 25 décembre 2009, qui résidait juste au-dessus du magasin.

« Un énorme pas en avant »

Comme Rue89 le dévoilait dans un précédent article, une autopsie pratiquée sur le corps de cette septuagénaire a révélé un taux très élevé de perchloroéthylène dans son sang, ses organes et ses urines.

En savoir plus

Les solvants les plus dangereux sur le site de l'Institut national de recherche et de sécurité.
Le rapport d'étude du perchlo par le Centre international de recherche sur le cancer, département de l'OMS.
Les produits de substitution au perchlo proposés par l'Ineris.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) se penche sur la dangerosité du produit.
La fiche du perchlo sur le site de l'OMS.
Ce solvant toxique pour l'homme provoque nausées et vertiges. Il irrite les voies respiratoires, attaque le système nerveux et les reins. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) l'a classé comme cancérigène probable.
Dans le cas de José-Anne Bernard, il se serait avéré mortel. C'est en tout cas ce que clame depuis des mois son fils Frédéric, persuadé que sa mère a été empoisonnée à petit feu :
« Son logement était envahi d'odeurs persistantes. Elle s'en était plainte plusieurs fois mais le gérant et l'administration ont fait la sourde oreille. »
Pour lui, cette mise en examen est un vrai soulagement :
« C'est un énorme pas en avant. Le début, je l'espère, d'une prise de conscience de la toxicité du perchloroéthylène. Les prochaines victimes seront peut-être mieux entendues. »

Le gérant du pressing aurait pris « toutes les précautions »

Du côté du gérant du pressing, on se défend d'avoir mis en danger la vie de José-Anne Bernard. Me Anna-Karin Faccendini, avocate de Daniel M. affirme :
« Mon client s'est entouré de toutes les précautions pour s'assurer que son matériel était sans danger et ainsi exercer son activité en toute sécurité. Tous les rapports d'expertise antérieurs au décès de madame Bernard n'ont d'ailleurs rien révélé de probant. Mais si l'instruction montre un lien de causalité entre le décès de madame Bernard et le perchloroéthylène, mon client fera face à ses responsabilités. »
Cette mise en examen inédite poussera-t-elle l'Etat à suivre l'exemple des Etats-Unis et du Danemark, qui ont interdit l'installation de nouveaux pressings utilisant le perchloroéthylène ?

RUE89

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