vendredi 30 septembre 2011

Lutter contre le réchauffement climatique et s'y adapter: une double nécéssité

Le climatologue Jean Jouzel

EDITO - A l'occasion du huitième Forum international de la météo et du climat, dont 20 Minutes est partenaire, le climatologue Jean Jouzel, président de la Société météorologique de France, livre son point de vue sur les enjeux à venir du réchauffement climatique...

«Demi-échec de la conférence sur le climat qui s'est tenue à Copenhague fin 2009, crise économique, … Les causes en sont probablement multiples mais l'urgence climatique est clairement passée au second plan aussi bien dans le débat public que dans l'agenda des politiques. La signature du Pacte écologique, proposé en 2007 par Nicolas Hulot et sa fondation, a marqué la précédente campagne présidentielle. Rien n'indique que les problèmes environnementaux tiendront une place aussi importante dans celle qui commence.
Et pourtant aucun argument n'a sérieusement remis en cause les travaux des climatologues. Si rien n'était entrepris pour que décroisse rapidement les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines, le réchauffement qui en résulte pourrait, en France, atteindre 4 à 5°C d'ici la fin de ce siècle. D’autres variables climatiques seront affectées: modification des précipitations et des vents, intensification vraisemblable des cyclones tropicaux, vagues de chaleur, contraction de la couverture neigeuse, diminution des glaces de mer, irréversible élévation du niveau de la mer...
Avec des impacts importants, risques d’inondations dans certaines régions, de sécheresses dans d’autres (en particulier le pourtour méditerranéen), modification trop rapide des écosystèmes, accélération de la perte de biodiversité, acidification des océans, problèmes de santé, baisse des rendements agricoles si le réchauffement est trop important, etc…

«Les émissions n'ont jamais augmenté aussi rapidement qu'au cours de la dernière décennie»

Il nous faut nous rendre à l'évidence: le réchauffement climatique est désormais inéluctable. Et l'ambition d'un réchauffement moyen qui ne dépasserait jamais 2°C par rapport au climat de la période pré-industrielle, affichée lors de la conférence de Cancun, risque fort de rester lettre morte au vu des propositions mises sur la table par les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre.
Au niveau global, ces émissions n'ont jamais augmenté aussi rapidement qu'au cours de la dernière décennie. Et il faudrait qu'elles aient commencé à décroître d'ici 2020 mais nous sommes loin du compte. En tout état de cause le réchauffement est devant nous. D'autant plus important que les politiques de réduction des émissions s'éloigneront des objectifs ambitieux requis pour qu'il soit limité à 2°C.

«Prise de conscience du public»

Il faut donc mener de pair des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d'adaptation au réchauffement climatique. Cette double nécessité est clairement inscrite dans l'agenda des négociations climatiques internationales et se décline déjà dans certains pays. C'est le cas pour la France dont le plan d'adaptation élaboré dans le cadre d'une très large concertation, a été adopté en juillet dernier.
Dans ce contexte, le 8ème Forum International de la météo, qui se tiendra à Paris à compter du 1er octobre, au Palais de la Découverte, consacrera sa journée du 4 octobre à l'adaptation au réchauffement climatique dont les impacts affecteront à la fois notre vie de tous les jours et l'ensemble de notre économie, ou presque. Le Plan National d'Adaptation au Changement Climatique en témoigne mettant en exergue les nombreux secteurs qui devraient être concernés : santé, ressources en eau, biodiversité, risques naturels, agriculture, forêt, pêche et aquaculture, énergie et industrie, infrastructures de transport, urbanisme et cadre bâti, tourisme….
C'est un regard très international, largement nourri des expériences conduites dans différents pays, qui sera porté sur la mise en oeuvre de cette nécessaire adaptation au réchauffement climatique. Elle doit s'appuyer sur un diagnostic de la communauté scientifique aussi correctement documenté que possible. Mais dans les faits, elle est largement tributaire d'intiatives locales auxquelles le secteur privé porte de plus en plus d'intérêt, ainsi que de la prise de conscience du public appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans ces stratégies d'adaptation qui vont progressivement se mettre en place.»
Forum international Météo et Climat. Journées grand public les samedi 1er et dimanche 2 ocobre, au palais de la découverte à Paris.
Jean Jouzel 
 

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