mercredi 18 avril 2012

La mer Morte pourrait s'assécher de nouveau, comme il y a 125 000 ans

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Dépôts de sel sur les rivages de la mer morte
© Michelle
La baisse rapide du niveau de la Mer Morte, très préoccupante actuellement, n'est pas un phénomène nouveau : elle a déjà eu lieu dans un passé lointain, ce qui entraîna son assèchement complet. C'est du moins le résultat auquel a récemment abouti un projet de forage international auquel ont participé, entre autres, des chercheurs de l'Institut des Sciences de la Terre Fredy and Nadine Herrmann à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Ces recherches ont ouvert une fenêtre sur l'histoire climatique et sismique de la mer Morte, en remontant le temps sur plusieurs centaines de milliers d'années.
Ce projet a mis en évidence qu'il y a environ 125 000 ans, le lac s'était asséché presque entièrement à la suite d'un changement climatique. Cette découverte suscite l'inquiétude quant à la situation actuelle de la mer Morte - le point le plus bas sur la terre - dont la dangereuse baisse de niveau est en grande partie la conséquence de l'activité humaine.
Une plateforme spéciale a été amenée en Israël spécialement pour ce projet, comportant notamment un équipement destiné à récolter des échantillons sédimentaires du plancher lacustre. Les travaux de forage ont duré de Novembre 2010 à Mars 2011, et ont exploré deux sites différents : le centre du lac à une profondeur de 300 mètres, et le rivage près d'Ein Gedi. Ils ont été dirigés, entre autres, par les Profs Mordechai Stein (Université Hébraïque de Jérusalem) et Zvi Ben-Abraham (Université de Tel Aviv).
La Mer Morte est un lac salé situé dans une profonde dépression tectonique : le bassin de la mer Morte. Celui-ci est endoréique, c'est-à-dire que l'eau de la mer Morte ne s'écoule pas vers l'océan et est évacuée uniquement par évaporation. Depuis des centaines de milliers d'années, le Jourdain et d'autres petits cours d'eau avoisinants charrient des sédiments qui se déposent au fond du lac : ces sédiments permettent donc d'étudier l'histoire climatique et hydrologique de tout le bassin versant, et même au-delà. Par ailleurs, la dépression de la mer Morte est d'une importance capitale pour la préhistoire de l'Homme moderne, car elle se situe dans le prolongement du grand rift africain et constitue vraisemblablement le principal couloir de migration de l'homo sapiens hors d'Afrique.
Une analyse préliminaire des carottes sédimentaires à mis en évidence, à une profondeur de 250 mètres sous le plancher lacustre (550 mètres sous la surface du lac), d'épaisses couches de sel couverts par des cailloux et des roches. C'est le signe distinctif d'une période où la mer Morte s'était presque totalement asséchée. Au dessus de cette séquence sel/roches, les scientifiques ont découvert un sol boueux qui indique en revanche un apport accru d'eau douce, et donc des conditions climatiques plus pluvieuses.
Aujourd'hui, le niveau de la mer Morte est de 426 mètres en dessous du niveau de la mer et décroît de presque un mètre par an. La disparition du lac par le passé devrait être un signal d'alarme concernant son éventuel tarissement à l'avenir, nous avertissent les scientifiques. Alors que dans le passé, un changement climatique naturel a contribué à la "réhydratation" de la mer Morte, le niveau de celle-ci ne pourra pas remonter tant que les eaux du Jourdain continuent d'être surexploitées.

Rédacteur

Jonathan Garel, VI chercheur à l'institut Weizmann

Origine

BE Israël numéro 77 (5/04/2012) - Ambassade de France en Israël / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/69664.htm

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info

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