Aujourd'hui, seules 51 % des rivières des bassins Rhône-Méditerranée et Corse bénéficient d'un bon état écologique, indique dans un récent rapport l'agence régionale de l'eau. Si ce taux est plus élevé que celui affiché par l'ensemble du pays, 45%, il est encore loin de l'objectif fixé par le Grenelle de l'Environnement, à savoir 66 % à l’horizon 2015.
La pollution par les pesticides et l'aménagement excessif des rivières au moyen de digues ou de barrages, sont les principales origines de cette dégradation. Le glyphosate, le pesticide le plus répandu, "se retrouve dans les trois quarts des cours d’eau et atteint des concentrations seulement 50 fois inférieures aux seuils sans effet connu sur la santé humaine en 5 points dans l’Hérault, les Pyrénées orientales et la Côte d’Or", alerte le rapport de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse. Mais le plus inquiétant, est la présence dans 60% des rivières et 45% des nappes de six pesticides pourtant interdits depuis 2003, preuve d'une utilisation illicite de ces produits.
"La présence de pesticides dans les rivières et les nappes est d’autant plus préoccupante que l’on n’observe aucune évolution significative à la baisse. Au total la moitié des nappes sont polluées" note l'agence qui "invite à renforcer les actions pour réduire l’utilisation de pesticides".
Des niveaux élevés de PCB
D'autres micropolluants contaminent les rivières. C'est notamment le cas des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des cancérogènes issus de la combustion des matières fossiles, présents sur 97 % des sites de surveillance. Quant aux PCB, des niveaux de concentrations très élevés ont été mesurés dans les sédiments du Tillet, un affluent du lac du Bourget en Savoie.
Outre ces polluants, le rapport pointe du doigt les altérations physiques que subissent les cours d'eau. Les deux-tiers des rivières en mauvais état écologique sont celles qui ont vu leur débit modifié, des seuils ou des barrages perturbant la circulation des poissons et des sédiments, ou encore digues trop étroites néfastes pour la reproduction de certaines espèces.
"Toutes ces transformations compromettent aussi la capacité de la vie à reprendre après une sécheresse ou une pollution. Elles diminuent la capacité de la rivière à s’épurer" prévient le rapport. "On a encore beaucoup d'endroits où les responsables voient encore la rivière comme un tuyau d'eau qu'il faut rectifier pour qu'il envoie les crues le plus vite possible en aval. On perd toute la valeur que les rivières apportent en termes d'épuration, en se dilatant ou se rétractant en fonction des saisons" déplore auprès de l'AFP Martin Guespereau, le directeur de l'agence. Or "la vie a besoin de ces rythmes", rappelle-t-il.
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