lundi 8 août 2011

Le gouvernement interdit des produits naturels et peu polluants pour la culture des légumes


Le gouvernement souhaite faire interdire l'usage de produits naturels par les cultivateurs de légumes. Ces produits sont pourtant bien moins polluants que les substances chimiques autorisées dans l'agriculture.
Nombre d'agriculteurs sont furieux contre le gouvernement. Le ministère de l'Agriculture souhaite faire interdire l'utilisation de produits bien plus respectueux de l'environnement que les substances phytosanitaires chimiques, puisque naturels. Denis Digel, un producteur de salades alsacien, s'insurge ainsi auprès de l'AFP contre la volonté du gouvernement, lui qui traite depuis deux ans ses centaines de milliers de salades avec du Sémafort, un engrais réalisé à base d’algues, d’extraits végétaux et de phosphites.
Ce produit fabriqué en Allemagne est utilisé pour renforcer les défenses naturelles des légumes contre le mildiou, une maladie qui affecte de nombreuses espèces de plantes. "C’est trois fois moins cher à l’hectare, et nettement plus efficace. Les rendements sont supérieurs. Et en plus, cela permet de réduire l’impact négatif sur la nature" explique Denis Digel, qui ne comprend pas pourquoi le gouvernement veut faire interdire le produit. Car comme il le rappelle, le Grenelle de l’environnement demande aux agriculteurs de se tourner vers des solutions alternatives et plus écologiques pour parvenir à diviser par deux leur consommation de produits phytosanitaires, et ce d'ici à 2018.
Des engrais "phytopharmaceutiques" ?
Voilà donc trois ans qu'un projet expérimental réunissant 460 producteurs teste des produits naturels, et notamment le Sémafort, avec succès. Baptisée Planète légumes, cette expérimentation est soutenue par la Chambre d’agriculture d’Alsace. Mais en juin dernier, le ministère de l’Agriculture a fait savoir à ces agriculteurs que les produits contenant des phosphites ne pouvaient pas être commercialisés dans un autre but que phytopharmaceutique. Les produits utilisés en tant qu’engrais doivent être "retirés du marché sans délai", affirmait alors le gouvernement.
Un expert du ministère a expliqué la raison de cette interdiction à l'AFP. "Nous n’avons aucune opposition de fond à l’usage des phosphites, qui sont d’ailleurs autorisées au niveau européen. Simplement, tout produit à base de phosphite ne peut être commercialisé que s’il a obtenu une autorisation de mise sur le marché" souligne-t-il. Mais obtenir cette autorisation s'avère long et coûteux. Elle devient alors inaccessible à bon nombre de producteurs de ces produits. "Pour le Sémafort, cela coûterait quatre millions d’euros, c’est hors de portée de son fabricant" explique Fabien Digel, le frère de Denis Digel, et le directeur de Planète légumes.
Le député UMP du Bas-Rhin François Loos a affirmé son soutien aux agriculteurs, demandant pour eux un entretien avec le ministre Bruno Le Maire. "Je pense qu’il y a une campagne en France pour empêcher l’arrivée de ces produits sur le marché. Je ne sais pas si c’est un lobby, mais en tout cas je demande au ministre d’avancer" déclare-t-il à l'AFP.

Maxisciences

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