jeudi 25 août 2011

Le mystère de l'augmentation des attaques de requin


Un requin-tigre.
Un requin-tigre.AP/PR NEWSWIRE/ANONYMOUS
Grands prédateurs des océans et héros des films à grands frissons, les requins mangeurs d'hommes sont-ils de retour près des côtes ? Mardi 23 août, en Afrique du Sud, un surfeur de 49 ans a été tué par un requin au large de Plettenberg Bay, sur la côte sud du pays. Cet accident est le dernier en date d'une série d'attaques survenues ces dernières semaines. Le 16 août, un jeune touriste britannique en lune de miel au Seychelles, sur l'île de Praslin, avait perdu la vie après avoir été mordu par un squale. A la surprise générale, les experts ont indiqué cette semaine avoir retrouvé une dent de grand requin blanc sur la victime.
Ces requins très dangereux vivent habituellement dans les eaux tempérées et ne font donc pas partie des espèces recensées dans cette région tropicale. Début août, au même endroit, un touriste français de 36 ans était lui aussi mort dans les mêmes circonstances, mais on ignore l'espèce de requin à l'origine de l'attaque.
Dans l'Extrême-Orient russe, les 17 et 18 août, deux personnes, un adolescent de 16 ans et un homme de 25 ans, ont été très grièvement blessées par des morsures de requin dans la région du Primorié, sur les côtes nord-ouest de la mer du Japon. C'est la première fois que les autorités locales recensent des attaques de requin dans cette région. Selon Vladimir Rakov, professeur de biologie marine à Vladivostok, il s'agirait également d'un grand requin blanc.
En décembre 2010, la peur du requin avait déjà refait surface après plusieurs attaques à Charmel-Cheikh, en Egypte. Selon un bilan international établi par des chercheurs de Floride, 79 attaques de requins ont été recensées dans le monde en 2010, dont 6 mortelles, soit une hausse de 25 % par rapport à 2009. C'est le niveau le plus élevé depuis l'an 2000. Les Etats-Unis arrivent en tête du classement avec 36 attaques en 2010, devant l'Australie et l'Afrique du Sud.
"ENTRE 5 À 10 ATTAQUES MORTELLES PAR AN"
Tous les spécialistes s'accordent à dire que ces attaques s'expliquent avant tout par l'augmentation des baignades. Grâce aux séjours à bas coût, de plus en plus de vacanciers peuvent se rendre sur des plages autrefois réservées à des privilégiés. "Il y a de plus en plus de personnes qui se baignent, cela augmente donc les risques, explique Agathe Lefranc de l'Association pour l'étude et la conservation des sélaciens (APECS). Mais sur le long terme, rien ne permet de conclure à une recrudescence des attaques. Les chiffres varient entre cinq et dix attaques mortelles par an."
Certaines pratiques, comme le rejet des déchets organiques en mer, peuvent accentuer les risques. "En Egypte, certains animateurs n'hésitent pas à jeter beaucoup de nourriture à la mer pour attirer les requins et satisfaire les touristes avides de sensations fortes", explique Johann Mourier, docteur en biologie au Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement (CRIOB), situé en Polynésie française.
Selon les autorités égyptiennes, les requins responsables des attaques de Charm el-Cheikh, notamment des requins océaniques qui vivent habituellement en pleine mer, auraient été attirés près des littoraux par un bateau qui avait jeté des moutons morts à la mer.
La surexploitation des fonds marins par les pêcheurs pourrait également expliquer la présence de requins dangereux près des côtes. Bernard Seret, spécialiste à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et au Muséum national d'histoire naturelle, rappelle qu'en mer Rouge "la surpêche a fait disparaître de nombreux requins côtiers, ce qui a peut-être permis à des requins du large comme les requins océaniques de conquérir un peu de territoire et de s'approcher des côtes. D'autant qu'en mer Rouge, les profondeurs sont importantes même à quelques mètres des côtes".
UN REQUIN-TIGRE DÉCOUVERT EN CHARENTE-MARITIME
En Extrême-Orient russe, certains pensent que le réchauffement climatique pourrait être à l'origine de ces attaques exceptionnelles. "Selon toute vraisemblance, le requin blanc est arrivé jusqu'à nos côtes à la faveur d'un courant chaud, dû à la montée des températures", a déclaré le chercheur russe Pavel Kaltchouguine. Les modifications des courants à l'échelle planétaire pourraient faire évoluer les zones de répartition des requins. Certaines espèces tropicales ont d'ailleurs été observées ces dernières années dans des régions inhabituelles.
En 2008, des pêcheurs français avaient découvert un requin-tigre, une des espèces les plus dangereuses du monde, en Charente-Maritime. "Mais cela reste des cas exceptionnels, estime Bernard Seret, il y a toujours des individus qui peuvent sortir de leur zone naturelle en suivant un courant, une proie ou un bateau. Mais pour que ce soit lié au réchauffement climatique, il faudrait qu'une population entière s'installe dans une nouvelle zone. Pour l'instant, rien ne permet de le dire." Les scientifiques rappellent que, si les attaques de requin sont toujours dramatiques, elles font moins de victimes humaines que les éléphants ou les crocodiles. Les squales sont d'ailleurs de moins en moins nombreux à parcourir les océans.
Chassés pour leurs ailerons, consommés dans les soupes asiatiques, ou attrapés accidentellement dans les filets des grands chalutiers, certains sont même menacés d'extinction. Un tiers des espèces sont en danger d'après l'Union internationale de la conservation de la nature (UICN). "Sur la Côte est des Etats-Unis, certaines espèces ont disparu jusqu'à 90 %. On a alors constaté que leur disparition avait un impact sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, même sur les mollusques", explique Catherine Vadon, biologiste au Muséum d'histoire naturelle. Selon l'association Pew Environnement Group (PEG), 73 millions de requins disparaissent chaque année, à cause de la surpêche.
Céline Blampain
Le monde 

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Un requin sème la panique dans le nord de la France

Les sauveteurs de la plage de Wissant, dans le nord de la France, en sont sûrs: ils ont aperçu un requin mercredi en fin de matinée. Au loin, une forme sombre et suspecte a interpellé David Rousselet, chef de poste de la SNSM. "J'ai regardé aux jumelles et j'ai clairement vu un aileron", explique-t-il à la Voix du Nord.

Inoffensif pour l'homme
Par précaution, le drapeau rouge a été hissé. D'après les spécialistes contactés qui ont récolté les témoignages, il s'agirait d'un requin pélerin. De quoi rassurer tout le monde puisque la "bestiole" ne se nourrit que de micro-plancton. Elle est donc inoffensive pour l'homme.

Ceci dit, le requin pélerin est impressionnant. A l'âge adulte, il peut atteindre une taille de 10 mètres, ce qui fait de lui le deuxième requin le plus grand au monde, après le requin baleine. 

"Plutôt rare"
"Son observation est rare sur nos côtes, mais ça peut arriver. Quand la mer est calme, il vient se nourrir de plancton en surface", précise le spécialiste Dominique Mallevoix, adjoint du responsable aquariologie à Nausicaà, près de Boulogne.

Plus tard dans la journée, le requin a été aperçu une deuxième fois, à partir de 17 heures. La plage a encore été fermée, toujours par mesure de précaution.

"Il ne faut pas le déranger"

"C'est un animal qu'il ne faut pas chercher à déranger lorsqu'il est dans sa phase de repas", prévient Dominique Mallevoix. "De plus, sa peau est très abrasive et on peut s'égratigner en la touchant."

Le risque de collision avec les bateaux de plaisance et les jet-skis est également l'une des raisons de l'interdiction de la baignade. Tout était rentré dans l'ordre ce jeudi, même si les sauveteurs restaient vigilants. (JC)
25/08/11 17h32

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