CLIMAT - Grâce à une machine à fabriquer les nuages, les scientifiques se sont aperçus que les modélisations du climat reposaient sur des hypothèses incomplètes...
Les chercheurs qui travaillent sur l’expérience Cloud ont la tête dans les nuages mais pourraient bien remettre profondément en cause les modèles d’étude du climat. Dans une étude publiée mercredi dans la revue scientifique Nature, les physiciens du laboratoire spécialisé du Cern, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire basée à Genève, ont démontré que les aérosols, ces particules en suspension qui permettent la formation des nuages, pourraient avoir un effet jusqu’ici ignoré sur le climat.Des gaz encore inconnus entrent dans la recette des nuages
Dans leur «chambre à brouillard», les scientifiques ont recréé des nuages. La recette leur semblait simple: prenez l’humidité de l’air, mettez la en contact avec des aérosols (poussières, particules émises par la combustion de matières, pollution,…) ou des gaz présents dans l’atmosphère, attendez que l’humidité se condense autour de ces particules et laissez le nuage se former.Mais les gaz qui entrent dans la formation des nuages ne sont pas ceux que l’on croyait: «Jusqu’à ce jour, on pensait que l’acide sulfurique et l’ammoniaque étaient les principaux responsables de la production d’aérosols dans la basse atmosphère (environ un kilomètre de la surface de la Terre), précise Jasper Kirkby, responsable de l’expérience. Or notre travail montre que ce n’est pas du tout le cas! Ils n’interviennent que dans une proportion d’un dixième à un millième dans la formation des noyaux de condensation.»
Polluer pour rafraîchir l’atmosphère?
Si les chercheurs ignorent encore quels autres gaz entrent en jeu, l’impact de cette découverte remet déjà en question les modèles climatiques: «S’ils proviennent de l’activité humaine, cela soulève la possibilité que les hommes aient un impact différent sur le climat. S’ils sont d’origine naturelle, alors nous pourrions y voir une nouvelle forme de rétroactions climatiques», explique Jasper Kirkby.En réfléchissant les rayons du soleil, les nuages auraient un effet «rafraîchissant» sur la planète. Donc si l’homme produit des particules qui favorisent la production de nuages, il ralentirait le réchauffement climatique. Une conclusion hâtive pour un grand nombre de scientifiques, qui rappellent que le phénomène d’effet de serre provoqué par les émissions de gaz dans l’atmosphère reste le principal contributeur du réchauffement climatique. L’effet des rayons solaires sur le climat est également sujet à controverses, les climato-sceptiques ayant toujours imputé les variations de températures à l’intensité du rayonnement et non à l’effet de serre.
A.C.
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