lundi 14 novembre 2011

Indice de Développement Humain (IDH) 2011 : la dégradation de l’environnement freine les progrès

IDH_2011
Rapport 2011 sur l'IDH
© PNUD
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a publié le 2 novembre les résultats de l'indice de développement humain (IDH) pour 2011. Ce classement actualisé met en évidence l'importance des inégalités et la dégradation de l'environnement qui pèsent lourdement sur le développement des pays les moins avancés.

Le classement de l'IDH 2011

Les dix premiers pays

  1. Norvège
  2. Australie
  3. Pays-Bas
  4. États-Unis
  5. Nouvelle-Zélande
  6. Canada
  7. Irlande
  8. Liechtenstein
  9. Allemagne
  10. Suède
Voir classement
    Cependant, si l'on ajuste l'indice aux inégalités internes dans les domaines de la santé, de l'éducation et des revenus, certaines des nations les plus riches ne sont plus dans les 20 premières positions du classement selon l'IDH : les États-Unis passent de la 4e à la 23e place, la République de Corée de la 15e à la 32e place, et Israël de la 17e à la 25e place.
    La chute des États-Unis et d'Israël dans le classement à l'IDH ajusté aux inégalités (IDHI) est principalement due aux disparités de revenus. En République de Corée, ce sont les différences intergénérationnelles en termes d'accès à l'éducation qui nuisent à la performance du pays.
    À l'inverse, d'autres pays ont gagné des places dans le classement à l'IDHI grâce à un accès relativement plus égalitaire à la santé, à l'éducation et aux revenus. Ainsi, la Suède est passée de la 10e à la 5e place, le Danemark de la 16e à la 12e place et la Slovénie de la 21e à la 14e place.
    La France, se situe en 20ème position, que ce soit pour l'IDH ou l'IDHI. C'est tout de même six places de moins que l'année dernière, et c'est assez préoccupant.

    Les dix derniers pays

    Les pays occupant les 10 dernières places du classement IDH 2011 se trouvent tous en Afrique subsaharienne.
    1. Guinée
    2. République centrafricaine
    3. Sierra Leone
    4. Burkina Faso
    5. Libéria
    6. Tchad
    7. Mozambique
    8. Burundi
    9. Niger
    10. République démocratique du Congo
    La République démocratique du Congo est donc le pays ayant le plus faible IDH au monde
    Malgré des progrès récents, ces pays à IDH faible sont encore pénalisés par des revenus inadaptés, des possibilités de scolarisation limitées et une espérance de vie bien inférieure aux moyennes mondiales, qui s'explique en grande partie par des décès dus à des maladies évitables ou guérissables comme le paludisme et le sida. De plus, nombre de ces nations voient leur situation aggravée par les conséquences destructrices des conflits armés.

    L'indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI)

    « L'indice de développement humain ajusté aux inégalités nous aide à mieux évaluer les niveaux de développement pour tous les segments de la société, et non uniquement pour la personne “moyenne”, traditionnellement utilisée comme référence », explique Milorad Kovacevic, responsable de l'équipe des statistiques du Rapport sur le développement humain. « Dans l'équation utilisée, la distribution de la santé et de l'éducation est aussi importante que celle du revenu, et les données obtenues reflètent d'importantes inégalités dans de nombreux pays. »
    Le Rapport 2011, intitulé « Durabilité et équité : Un meilleur avenir pour tous », indique que la distribution des revenus s'est aggravée dans la plupart des pays du monde. L'Amérique latine présente toujours les inégalités les plus saillantes en termes de revenus, bien que l'on constate une réduction de ces disparités au sein de plusieurs pays, comme le Brésil et le Chili. Pourtant, le Rapport montre qu'en termes d'IDHI, qui prend en compte l'espérance de vie et le niveau de scolarisation, l'Amérique latine est plus équitable que l'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud.

    L'indice d'inégalité de genre (IIG)

    L'indice d'inégalité de genre, qui a également été publié le 2 novembre par le PNUD, montre que la Suède est en tête dans le domaine de l'égalité des sexes. Cette mesure composite prend en compte l'accès aux soins de santé reproductive, le nombre d'années de scolarisation, la représentation parlementaire et la participation des femmes au marché du travail. Arrivent ensuite les Pays-Bas, le Danemark, la Suisse, la Finlande, la Norvège, l'Allemagne, Singapour, l'Islande et la France.
    Le Yémen affiche le niveau d'équité le plus faible sur les 146 pays pour lesquels l'IIG a été mesuré. Il est précédé du Tchad, du Niger, du Mali, de la République démocratique du Congo, de l'Afghanistan, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, du Libéria, de la République centrafricaine et de la Sierra Leone. Au Yémen, seules 7,6% des femmes suivent des études secondaires, contre 24,4% des hommes. Les femmes n'occupent que 0,7% des sièges au Parlement, et seules 20% des femmes en âge de travailler exercent un travail rémunéré, contre 74% des hommes.
    Le Rapport indique que les progrès en matière de santé et de revenus dans les pays en développement sont menacés par l'inaction sur l'évolution climatique et la destruction des habitats.

    Les inégalités de richesse et de genre sont liées aux dangers environnementaux

    Selon les prévisions du Rapport sur le développement humain 2011 les avancées en matière de développement obtenues dans les pays les plus pauvres du monde pourraient être stoppées, voire inversées, d'ici le milieu du siècle, si des mesures audacieuses ne sont pas mises en oeuvre maintenant pour ralentir le réchauffement climatique, empêcher une dégradation de l'environnement accrue et réduire les profondes inégalités dans et entre les nations.
    Le Rapport 2011 explique que la durabilité environnementale pourra être obtenue de manière plus équitable et efficace en traitant les inégalités en termes de santé, d'éducation, de revenu et de genre conjointement avec la mise en place d'une action à l'échelle mondiale concernant la production d'énergie et la protection des écosystèmes.
    Alors que la communauté internationale se prépare à la grande conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra en juin 2012 à Rio de Janeiro, le Rapport établit que la durabilité doit être considérée comme une question de justice sociale élémentaire, aussi bien pour les générations actuelles que pour celles à venir.
    Dans l'avant-propos, Helen Clark explique que « la durabilité n'est pas exclusivement ni même essentiellement une question environnementale, comme le démontre de manière convaincante ce Rapport. Elle concerne surtout le mode de vie que nous choisissons d'épouser, en étant conscients que tous nos actes ont des conséquences pour les sept milliards de personnes vivant sur la planète aujourd'hui, ainsi que pour les milliards d'êtres humains qui nous succéderont dans les siècles à venir. »
    Entre 1970 et 2010, les pays se trouvant dans le quart inférieur du classement de l'IDH ont progressé dans les objectifs étudiés par l'IDH de 82 %, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. Il est expliqué dans le Rapport que si le rythme de ces améliorations constaté ces 40 dernières années se poursuivait au cours des 40 prochaines années, en 2050, la grande majorité des pays atteindrait des niveaux d'IDH équivalents ou supérieurs à ceux actuellement atteints par les pays appartenant au quart supérieur du classement. Il s'agirait donc d'une réussite extraordinaire pour le développement humain à l'échelle planétaire en moins d'un siècle.
    Pourtant, en raison des dangers environnementaux croissants, ces tendances positives pourraient bien être stoppées brusquement d'ici le milieu du siècle, les populations des pays les plus pauvres étant bien plus exposées aux catastrophes liées aux évolutions climatiques, comme les sécheresses et les inondations, ainsi qu'à la pollution de l'air et de l'eau. Ainsi, la moitié des cas de malnutrition dans le monde sont dus à des facteurs environnementaux, comme la pollution de l'eau et la sécheresse, perpétuant un cercle vicieux d'appauvrissement des populations et de dommages écologiques.
    Pour atteindre des niveaux de vie élevés, les pays pauvres ne doivent pas se rendre dépendants des énergies fossiles et ne doivent pas suivre l'exemple des pays les plus riches. En effet, le Rapport montre que si les émissions de CO2 sont étroitement liées à la croissance du revenu national au cours des dernières décennies, la consommation de combustibles fossiles n'entre pas en corrélation avec les autres mesures clés du développement humain, comme l'espérance de vie et l'éducation. Aujourd'hui, de nombreuses nations très industrialisées parviennent d'ailleurs à réduire leur empreinte carbone tout en maintenant une croissance élevée.
    « La croissance gouvernée par la consommation d'énergies fossiles n'est pas une condition sine qua non pour vivre mieux en termes de développement humain », explique Helen Clark. « Les investissements améliorant l'équité – en matière d'accès aux énergies renouvelables, à l'eau, à l'assainissement et aux soins de santé reproductive, par exemple – pourraient être synonymes de progrès aussi bien en termes de durabilité que de développement humain. »
    Le Rapport insiste sur la nécessité de fournir des services d'électricité au 1,5 milliard de personnes aujourd'hui exclues du réseau électrique. Il indique que cet objectif peut être atteint de manière abordable et durable, sans hausse importante des émissions de carbone. Le Rapport indique que l'investissement requis pour mettre en oeuvre cette nouvelle « Initiative pour l'accès universel à l'énergie », appuyée par les Nations Unies, est estimé à environ un huitième des subventions allouées aujourd'hui aux énergies fossiles, dont le montant est évalué à 312 milliards de dollars à l'échelle mondiale en 2009.
    D'après les prévisions des auteurs, la dégradation incontrôlée de l'environnement – de la sécheresse en Afrique subsaharienne à l'élévation du niveau de la mer dans les pays de faible altitude comme le Bangladesh – pourrait provoquer une hausse du prix des denrées alimentaires allant jusqu'à 50 % et annuler les efforts mis en oeuvre pour faciliter l'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'énergie pour plusieurs milliards de personnes, notamment en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
    Dans le cadre du scénario de « défi écologique », la prise en compte du réchauffement climatique sur la production de nourriture et la pollution fait baisser l'IDH moyen de 12 % d'ici à 2050 en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, par rapport au scénario de base. En considérant le scénario encore plus grave de la « catastrophe écologique », comprenant une déforestation massive, un déclin considérable de la biodiversité et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, l'IDH mondial serait inférieur de 15 % aux projections de base pour 2050, avec les baisses les plus fortes dans les régions les plus pauvres.
    La dégradation de l'environnement pourrait compromettre les efforts mis en oeuvre pendant des dizaines d'années pour développer l'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'électricité auprès des communautés les plus pauvres de la planète. Les auteurs expliquent que « ces privations absolues, importantes en soi, constituent aussi des violations majeures des droits humains ».

    Notes

    Chaque année depuis 1990, le PNUD charge un éditeur indépendant de la rédaction du Rapport sur le développement humain. La création en 1990 de l'indice de développement humain (IDH), mesure composite prenant en compte la santé, l'éducation et le revenu, a permis de remettre en question les mesures purement économiques de la réussite nationale et de mettre en évidence la nécessité de suivre de manière globale et cohérente les progrès accomplis en matière de niveau de vie général.

    Sources

    Auteur

    avatar Christophe Magdelaine / notre-planete.info (tous droits réservés)

    Notre-planète.info

    voir aussi un resumé du rapport de 2007 :


    Indice de développement humain (IDH) : la France remonte au classement, mais le fossé se creuse entre pays riches et pauvres

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