lundi 14 novembre 2011

Le succès touristique de Marrakech menace la survie de sa palmeraie

L’oasis située à Marrakech, au sud du Maroc, est un des plus beaux sites du pays. Aujourd’hui menacée aussi bien par l’homme que par le climat, la fabuleuse palmeraie est en grand danger.
Dix siècles après son apparition, la palmeraie de Marrakech, un des plus beaux sites du Maroc, est menacée par le manque d’eau, par l’urbanisation et surtout les projets immobiliers destinés aux touristes. En effet, depuis plusieurs années, les promoteurs se lancent dans des constructions démesurées et proposent des parcours de golf au beau milieu du désert, puisant sans compter l’eau, qui est une denrée rare.

Ainsi, comptant autrefois 16.000 hectares, le site a perdu 30% de sa superficie ces 20 dernières années, indique TV5monde. C’est pour tenter de sauver cette oasis qui compte des centaines de milliers de palmiers qu’un programme de conservation a été mis en place en 2007 par les autorités locales avec pour objectif de planter 430.000 palmiers d'ici encore un an.
Comme le souligne Nour-Eddine Laftouhi, hydrogéologue à la faculté des sciences de Marrakech "les projets touristiques, malgré tous les bons côtés qu'ils génèrent, pompent énormément. Cela a un effet négatif sur l'équilibre écologique" et favorise la dégradation des plantations. "Personnellement, je considère la multiplication irrationnelle des parcours de golf [dix en ville, deux dans la palmeraie et dix autres en construction] comme un crime", confie-t-il à l'AFP.
Le succès touristique de cet oasis est tel que le Club Med propose désormais à l’intérieur même de la palmeraie trois piscines et son golf privé. Un choc pour ceux qui se souviennent que le nom même de "Marrakech" proviendrait du mot berbère "amour" qui signifie "pays" et d'"Akouch" qui veut dire "dieu", soit "la terre de Dieu" ou "la terre sainte" ou, selon une autre étymologie dialectale, "terre de parcours". Un parcours de golf semblerait-il donc aujourd’hui...

Un programme de sauvegarde insuffisant 

Outre ces projets en construction, la ville, où vivent près d’un million de personnes, compte une multitude d'hôtels, de piscines et de riads, les maisons traditionnelles. Ces derniers ont été en grande partie rachetés et rénovés par des Marocains de souche ou de riches étrangers, poussant les couches les moins favorisées de la population vers l'extérieur de la ville. Les habitants de la palmeraie sont de moins en moins nombreux.
"La source passait ici même, là où je me tiens. Avant, il y avait un ruisseau. Il y avait une source là-bas, une autre à côté. Partout l'endroit regorgeait de sources. Mais du jour où ils ont commencé à construire des villas et des hôtels, l'eau est partie. C'est fini", s'indigne Boujemâa, un habitant de la palmeraie.
"Grâce à la centrale de retraitement des eaux usées, ouverte en 2010, et aux puits qui sont déjà opérationnels, des quantités importantes d'eau seront disponibles", précise Abdelilah Mdidech, le directeur du programme de sauvegarde de la palmeraie, piloté par la Fondation Mohammed VI pour l'environnement. Des centaines d'ouvriers plantent chaque jour de nouveaux palmiers et entretiennent ceux qui vieillissent. "On en est déjà à 415.292 jeunes palmiers plantés [ ... ] et là, les jeunes pousses ont une bonne reprise, avec des feuilles vertes et une bonne couronne", ajoute M. Mdidech. Bien qu’optimiste, il n’en est pas moins réaliste :  "Je sais que nous n'avons pas les moyens, notamment en eau, pour en faire une palmeraie verdoyante. Il faut être réaliste" précise-t-il.

Maxisciences

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