mercredi 9 novembre 2011

L'écologie pour sortir de la crise

L'écologie pour sortir de la crise

Comment sortir de la crise ? Voilà sans doute l'une des principales questions de l'élection présidentielle à venir. Chaque candidat devra démontrer sa capacité à prendre les bonnes décisions et à influencer celles de nos partenaires. Et si le logiciel de l'écologie était le plus adapté pour nous sortir de la crise ?
Le premier apport de l'écologie est le dépassement des nationalismes. En ces temps troublés, la tentation existe de se replier sur soi. C'est plus qu'une illusion. C'est un piège.

Ce n'est pas au niveau national qu'on pourra reprendre le contrôle des marchés financiers, trouver un accord pour lutter contre le changement climatique, ou encore protéger notre industrie d'une concurrence déloyale en provenance de pays dépourvus de normes sociales et environnementales. L'Union européenne est le seul endroit au monde où les États-nations ont commencé à construire une institution supranationale.
C'est ce projet qu'il faut aujourd'hui mettre au service de la sortie de crise. Pour cela, il faut mettre fin aux résistances souverainistes. Ainsi, si l'Union n'a toujours aucun pouvoir pour mettre fin à l'absurde concurrence fiscale entre les États qui la composent, c'est bien parce que les États refusent de transférer ce qu'ils considèrent être un attribut de leur souveraineté.
Une concurrence fiscale qui permet, par exemple, aux entreprises du CAC 40 de ne payer que 8 % d'impôt sur leurs bénéfices, quand les PME en paient plus de trois fois plus. Si nous étions dans un espace fiscal fédéral, nous aurions aujourd'hui un impôt européen sur les bénéfices des multinationales, et une taxe sur les transactions financières, puisque la Commission européenne comme le Parlement européen y sont favorables.
En dépassant le souverainisme, l'Europe pourrait enfin devenir un espace de protection et non simplement un vaste marché où règne une concurrence qui profite avant tout aux plus riches et aux plus puissants.
Le deuxième apport de l'écologie est de proposer une économie verte créatrice de cercles vertueux. Innover massivement dans les technologies vertes est la seule façon de développer de nouveaux emplois industriels en France, comme le font les Allemands.
Investir à grande échelle dans l'isolation des bâtiments, c'est créer des centaines de milliers d'emplois non délocalisables, tout en diminuant massivement notre contribution au dérèglement climatique. Développer enfin chez nous les énergies renouvelables, c'est réduire notre facture énergétique et diminuer notre dépendance vis-à-vis de l'extérieur sans avoir à supporter les risques d'une catastrophe nucléaire.
Et cela peut se faire sans augmenter la dette publique, puisque ce sont des investissements financièrement rentables qui s'autofinancent.
Le troisième apport de l'écologie est de redonner du sens. Cette crise est celle du capitalisme financier, qui a commencé sa domination dans les années 1970 et qui implose sous nos yeux. Mais c'est aussi, parallèlement, la crise d'une démesure généralisée qui nous conduit aux limites de ce que la planète peut supporter.
Cette course folle qui épuise les hommes et les ressources naturelles va nous conduire inéluctablement à une autre faillite que celle de la finance, la faillite écologique. C'est pour cela qu'une sortie de crise ne peut se faire en utilisant les recettes du passé.
Cette nouvelle voie se différencie profondément de la droite comme de la gauche traditionnelle, en rompant avec la fuite en avant basée sur toujours plus de consommation et de croissance du PIB dans les pays riches, et prend davantage en compte la réalité d'un monde aux ressources limitées.


Auteur : Pascal Canfin député européen eelv, conseiller économique d'eva joly

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