mercredi 9 novembre 2011

Maîtriser les risques pour un développement responsable des nanotechnologies

Le Centre d'analyse stratégique (CAS), institution d'expertise et d'aide à la décision placée auprès du Premier ministre, a présenté le 8 novembre 2011 une note d'analyse prônant un développement responsable des nanotechnologies. Il reconnaît les risques sanitaires et environnementaux qui y sont liés et propose des mesures de prévention.

Plus de 1.300 produits commerciaux incorporent des nanotechnologies


Les nanotechnologies "sont d'ores et déjà une réalité industrielle et économique, et bénéficient depuis plusieurs années d'investissements massifs en R&D de la part de nombreux pays, France y compris", souligne Vincent Chriqui, directeur général du centre d'analyse stratégique.
Plus de 1.300 produits commerciaux incorporant des nanotechnologies sont d'ores et déjà sur le marché selon l'initiative américaine The Project on Energing Nanotechnologies.

Des effets sur la santé et l'environnement encore peu connus

Sans parler des interrogations de nature éthique soulevées par ces nouvelles technologies, se posent d'importantes questions sanitaires. "Les nanoparticules peuvent en effet franchir les barrières qui séparent l'extérieur de l'intérieur de l'organisme, et même entrer dans différents organes, notamment le cerveau", alerte le directeur du CAS.
"Malgré des progrès dans les domaines de la métrologie et de la caractérisation des nanoparticules, on ignore encore largement quels peuvent être les effets sur la santé ou l'environnement de leur diffusion à grande échelle", souligne toutefois la note du CAS. "Le cycle de vie des nanoparticules, depuis leur production jusqu'à leur utilisation et leur fin de vie, reste à ce jour une inconnue et donc un enjeu de santé publique".
Les données des industriels utilisant ces technologies sont encore "peu accessibles et non systématiquement inventoriées". "Aucun pays ne dispose d'un suivi de la production et de la commercialisation des nanotechnologies", ajoute Vincent Chriqui.

Une approche de la toxicité au cas par cas n'est pas envisageable

"Une première conclusion émerge des dernières années de recherche intense en nanotoxicologie : une approche de la toxicité « au cas par cas » de tous les matériaux n'est pas envisageable", constate le CAS.
Près de 50 ans seraient en effet nécessaires uniquement pour tester la toxicité de tous les matériaux actuels, sans parler du coût financier et des essais de toxicité à mener sur un nombre considérable d'animaux de laboratoires.
"Il est donc nécessaire de soutenir le développement d'approches visant à minimiser la toxicité et les risques d'exposition aux nanoparticules dès la conception du produit, et non pas « en bout de chaîne »", souligne Vincent Chriqui.

Protection des travailleurs et traçabilité

Parallèlement, le CAS préconise d'agir dès à présent sur le volet "exposition". "Des mesures de précaution doivent notamment être mises en place pour protéger les travailleurs sur les lieux de production des nanomatériaux", indique son directeur.
"Une traçabilité réelle et un inventaire systématique des nanomatériaux et des industries les utilisant (…) constitue un pré-requis indispensable", précise la note. C'est l'un des enjeux de la déclaration obligatoire des nanoparticules, prévue dans les lois Grenelle, qui doit faire l'objet d'un décret d'application.
"La France devra jouer un rôle important afin d'assurer une prise en compte spécifique des nanomatériaux dans Reach", préconise Vincent Chriqui, pour qui la récente adoption de la définition des nanomatériaux par la Commission européenne ouvre la voie à cette adaptation.

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