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Le niveau de la mer va-t-il fortement monter au cours des prochains siècles ou millénaires ? C'est ce que suggère une étude qui se fonde sur la datation de coraux réalisée grâce à une nouvelle méthode. Selon cette étude, les oscillations importantes du niveau de la mer de la dernière période interglaciaire pourraient se reproduire à notre époque.
Grâce à une nouvelle méthode de datation des coraux, des chercheurs viennent de montrer que contrairement à ce qui était admis jusqu’à présent, le niveau de la mer n’était pas si stable que cela lors de la dernière période interglaciaire, qui a eu lieu il y a environ 125.000 ans. Or à cette période, la température atmosphérique était égale voire légèrement plus élevée que celle que nous connaissons aujourd'hui. Comme la température a une forte influence sur le niveau de la mer, cela laisse entendre que de nouveaux épisodes d’oscillations sont à craindre.
C’est sur des coraux des Bahamas que les scientifiques américains ont effectué des analyses. Jusqu’à présent, la méthode de datation reposait sur une comparaison des ratios d’isotope d’uranium et de thorium. L’uranium est soluble dans l’eau et est incorporé au sein du squelette des coraux lors de sa formation. Ensuite, l’uranium se désintègre naturellement en thorium. En comparant les teneurs en isotope, on peut évaluer l’âge des coraux. Et comme ceux-ci ne se forment que sous la mer, on obtient une idée du niveau des océans en fonction du temps. Grâce à ces analyses, les scientifiques avaient jusqu’alors supposé que le niveau de la mer à cette époque, et pendant plusieurs milliers d’années, était resté à peu près stable.
Désagréable surprise que viennent de dévoiler William Thompson et ses collègues grâce à leur nouvelle méthode. Celle-ci repose également sur l’analyse des isotopes d’uranium et de thorium. Mais le dépouillement des données est différent. Et grâce à cette nouvelle technique, ils ont mis en évidence des oscillations du niveau de la mer de plus ou moins 4 à 6 mètres.
Une montée des eaux de 6 mètres à prévoir ?
Quels sont les enjeux de cette nouvelle méthode ? D’abord, elle va permettre de dater avec précisions des coraux dont l’âge aurait pu être estimé de façon imprécise. Mais c’est un problème plus important qui est soulevé par les auteurs de cette étude, publiée cette semaine dans Nature Geoscience. La dernière époque interglaciaire, au cours de laquelle les coraux étudiés se sont formés, est la dernière période pendant laquelle les températures ont été aussi élevées qu’elles le sont à l’heure actuelle. Ce que sous-entendent alors les chercheurs, c’est qu’au rythme auquel l’atmosphère se réchauffe, le niveau de l’océan pourrait bien subir des oscillations aussi amples que celles qui ont sévi il y a environ 125.000 ans.
Pour l’instant, le niveau de la mer monte d’à peu près 30 centimètres par siècle, mais ce rythme pourrait s’accélérer, surtout si le réchauffement climatique s’amplifie et entraîne avec lui la fonte des glaciers et des inlandsis. Certaines études estiment d’ailleurs que le niveau de la mer pourrait augmenter d’environ un mètre à l’horizon 2100. Une situation qui deviendrait tout à fait préoccupante pour certaines régions côtières où des populations vivent très peu au-dessus, voire au-dessous, du niveau de la mer, comme aux Pays-Bas, au Bangladesh ou encore sur de nombreuses îles, comme les Maldives.
Par Bruno Scala
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