mercredi 14 septembre 2011

Après les gaz de schiste, Total expérimente l’enfouissement industriel de CO2...

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Par Sophie Chapelle (14 septembre 2011)
Capter et enfouir le CO2 émis par les usines et centrales. C’est le rêve de toute industrie polluante pointée du doigt à cause du réchauffement climatique. Un rêve que Total tente de réaliser à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Côté pile : des risques non négligeables pour les populations environnantes, une absence de concertation, et un coût probablement astronomique qui sera assumé par les contribuables. Après les déchets nucléaires, bienvenue dans l’ère des déchets de CO2.


Les habitants de Lacq, petite commune des Pyrénées-Atlantiques, connaissent bien l’extraction du gaz naturel. Depuis la découverte en décembre 1951 d’un gisement de gaz exploité par Elf – devenu Total –, ils ont vu leur région rurale se transformer en un important bassin industriel. Torchères et cheminées ont poussé comme des champignons au milieu des vignobles et des champs de maïs. En 1960, le gisement de gaz de Lacq représentait 90 % de la production nationale. Un demi-siècle plus tard, 700 salariés poursuivent l’extraction et le traitement du gaz béarnais pour la multinationale. Une extraction en voie d’extinction.
Capter et enfouir le CO2 : un marché de 600 milliards d’euros !
La fin inévitable du gisement est prévue pour 2013, année durant laquelle Total prévoit de céder le champ gazier de Lacq au groupe canadien Vermilion. La fin ? Pas tout à fait. Car après avoir consciencieusement vidé le sous-sol de Lacq de son gaz, Total mène une ultime expérimentation : le captage et stockage du CO2 (CSC). Cette technologie est expérimentée au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, assure Total. Les compagnies proposent ainsi de capter le dioxyde de carbone (CO2) produit par leurs raffineries ou leurs centrales (notamment au charbon) puis de l’enfouir dans des strates géologiques ayant contenu du gaz, du pétrole ou du charbon. La promesse de réduire leur impact sur l’effet de serre s’accompagne cependant d’une perspective bien plus attrayante. La captation et la séquestration du CO2 représenterait « quelques 600 milliards d’euros à l’horizon 2030 », selon Valérie Létard, ex-secrétaire d’État auprès du ministre de l’Écologie.
Le procédé consiste d’abord à capter le dioxyde de carbone. Pour cela, les équipes de Total ont converti l’une des cinq chaudières existantes de l’usine de Lacq en chaudière à oxycombustion. La chaudière servait jusque-là à produire de la vapeur, entraînant un alternateur pour générer de l’électricité grâce à la combustion de gaz extrait du site. Avec l’oxycombustion, ce n’est pas de l’air mais de l’oxygène pur qui est utilisé pour brûler le combustible. Cela permet d’accroître la concentration de CO2 dans les fumées rejetées – jusqu’à 95 % – facilitant ainsi son piégeage. Une fois comprimé, le CO2 est transporté par des pipelines, longs de 27 km, jusqu’au site de la Chapelle-de-Rousse, à Jurançon, pour y être enfoui (« séquestré »). C’est dans un ancien puits d’extraction de gaz naturel, désormais à sec, que Total stocke le CO2. Et ce, jusqu’à 4.500 mètres de profondeur. Après avoir obtenu l’autorisation préfectorale en mai 2009, Total projette d’enfouir en deux ans 120.000 tonnes de CO2, pour un coût de 60 millions d’euros. Pourquoi un tel investissement ?
Une technique qui permet de continuer à polluer tranquillement 
Source : Total (page 40)


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