Alors qu'en France la mise en place de trames vertes et bleues semble longue et difficile, l'AEE vient de publier un rapport sur les conséquences dévastatrices pour la faune et la flore de la fragmentation des espaces naturels en Europe.
Ces vingt dernières années, et ce malgré la tentative de mise en place d'une politique de préservation des zones non fragmentées, le maillage du territoire européen a augmenté, et le nombre de projets d'infrastructures n'a pas décru.
Directrice exécutive de l'AEE, le professeur Jacqueline McGlade déclare : "Les paysages changent constamment, mais ces dernières décennies les humains les ont découpés à un rythme sans précédent, en ne prenant que très peu en considération les impacts cumulatifs sur l'environnement."
Augmentation du nombre d'espèces en voie d'extinction
D'après le rapport de l'AEE, le découpage du territoire entraîne la formation de parcelles de plus en plus petites. Le rapport souligne ainsi la perturbation de la dynamique des populations, ainsi que leur isolement génétique accroissant la consanguinité dans le développement de certaines espèces.
Nombreux habitats naturels sont détruits par le recouvrement des sols, la modification de la géomorphologie et la destruction de la végétation, tandis que les conditions climatiques subissent aussi de lourds bouleversements : chauffage des routes, augmentation de la variabilité de température, modification des conditions d'humidité, de vent (allées dans les forêts par exemple) et de lumière.
Les disponibilités alimentaires comme les mouvements des animaux sont réduits, si bien que l'extinction du lièvre brun, par exemple, aurait atteint un point de non retour en Suisse.
Parmi les effets dévastateurs du trafic routier, l'AEE dénonce encore l'augmentation de la mort d'animaux entrant en collision avec des voitures. En Autriche et en République Tchèque, le lièvre brun serait l'espèce la plus tuée sur les routes par les automobilistes.
Gaz d'échappement, poussières issues de l'abrasion des pneus, huile et carburant en cas d'accident de la circulation, salage des routes et pollution des eaux… Les diverses sources de pollutions ont un effet tout aussi dévastateur sur les espèces florales, entraînant ainsi la réduction de la biodiversité.
D'après les auteurs du rapport, l'ampleur des impacts négatifs de la fragmentation de l'habitat sur les populations animales et végétales est difficile à quantifier car la pleine mesure des effets écologiques des changements naturels ne deviendra évidente qu'après des décennies d'observation. Sur certaines zones, même si la fragmentation du territoire a été ralentie ou stoppée, quelques espèces fauniques seraient encore en voie de disparition. L'adaptation aux différents changements déjà entamés s'effectue en effet sur un long laps de temps.
Tour d'horizon de la fragmentation en Europe
Si "le tableau que peint le rapport est inquiétant" d'après la directrice de l'AEE, les facteurs de fragmentation des espaces naturels sont variables en Europe, et donc, leur ampleur, plus ou moins alarmante.
Parmi les pays ayant atteint le plus haut niveau de fragmentation des espaces naturels figurent la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, suivis de près par Malte, l'Allemagne et la France.
Dans les pays de l'est européen, la Roumanie aurait évité avec succès la fragmentation du paysage à grande échelle. Avec treize parcs nationaux et environ 500 zones protégées, le pays fournit un habitat à 60 % des ours, 40 % des loups et 35 % des lynx en Europe.
En revanche, la Pologne dispose, elle, d'un programme particulièrement ambitieux de construction d'autoroute, qui représente, d'ailleurs, 40 % du marché d'infrastructure routière dans la région, sur les prochaines années à venir. Le rapport de l'AEE prévoit donc une division encore plus importante des parcelles d'habitat naturel, à moins que des mesures ne soient prises pour préserver la connectivité et la dynamique des espèces...lire la suite sur Actu-Environnement.com
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