mercredi 22 février 2012

Pourquoi n’y a-t-il pas de volcan sur la Lune et pourquoi, un jour, il pourrait y en avoir un ?


Contrairement à la Terre, la Lune n’a pas de volcans actifs et les traces de son ancienne activité volcanique datent de milliards d’années. Ce qui est surprenant, parce que les données de récents tremblements de Lune suggèrent qu’il y a beaucoup de magma liquide sous la surface de celle-ci, parce qu’une partie des roches qui y résident sont considérées comme fondues.

 Les scientifiques ont maintenant identifié une raison probable de ce calme apparent à la surface : la brulante roche en fusion dans les profondeurs de la Lune pourrait être tellement dense qu’elle serait tout simplement trop lourde pour remonter à la surface comme une bulle dans l’eau.
 
 
Image d’entête : Buzz Aldrin vient de déposer un sismomètre sur la Lune lors de la mission Apollo 11 (1969).
Pour leurs expériences, les scientifiques ont produit des copies microscopiques de roche lunaire, recueillies par les missions Apollo, pour les faire fondre à des pressions extrêmement élevées et à des températures trouvées à l’intérieur de la Lune. Ils ont ensuite mesuré leur densité avec de puissants rayons X. Les résultats sont publiés dans les revues Nature Geosciences, le 19 février 2012 (lien plus bas).
 
Ci-dessous : Il s’agit d’une image d’un échantillon de roche lunaire artificielle, mesurant environ un demi-millimètre de diamètre, réalisé avec une microsonde électronique à température ambiante après l’étape des rayons X. La fragmentation de l’échantillon a eu lieu quand il a été extrait du petit cylindre en diamant dans lequel il avait été fondue sous haute pression et température.
 
 
L’équipe était dirigée par Mirjam van Kan Parker et Wim van Westrenen de l’université d’Amsterdam et des scientifiques des universités de Paris 6/CNRS, Lyon 1/CNRS, Edimbourg, et l’European Synchrotron Radiation Facility (ESRF – Installation Européenne de Rayonnement Synchrotron) à Grenoble.
Cinq décennies après les missions Apollo, la formation et l’histoire géologique de la Lune détiennent encore de nombreux secrets. Les astronautes n’ont pas seulement retourné 380 kg de roches lunaires sur Terre, mais ils ont également placé de nombreux instruments scientifiques sur la surface lunaire. L’année dernière, les scientifiques de la NASA ont publié un nouveau modèle pour la composition de l’intérieur de la Lune, en utilisant les données des sismomètres, de l’ère Apollo, de ces tremblements de lune. Renée Weber et ses collègues affirment que les parties les plus profondes du manteau lunaire, bordant le petit noyau métallique, sont partiellement fondues, jusqu’à 30 %. Sur la Terre, ces corps de magma ont tendance à se déplacer vers la surface produisant des éruptions volcaniques. Si l’intérieur profond de la Lune contient tellement de magma, pourquoi ne voyons-nous pas de spectaculaires éruptions volcaniques à sa surface ?
 
 
 
La force motrice, pour le mouvement vertical du magma, est la différence de densité entre le magma et la matière solide environnante, ce qui amène le magma liquide à se déplacer lentement vers le haut comme une bulle. Plus léger est le magma liquide, plus violente sera la montée.
 
Pour déterminer la densité du magma lunaire, Wim van Westrenen et ses collègues ont synthétisé de la roche lunaire dans leur laboratoire à Amsterdam, en utilisant la composition dérivée à partir d’échantillons d’Apollo comme “recette”. Les pressions et les températures proches de la base de la Lune sont de plus de 45 000 bar et d’environ 1500 °C. Il est possible de générer ces conditions extrêmes, avec de petits échantillons, de les chauffer avec un fort courant électrique, tout en les écrasant dans une presse. En mesurant l’atténuation d’un puissant faisceau de rayons X du synchrotron à l’ESRF, traversant l’échantillon à la fois solide et liquide, la densité à haute pression et les températures élevées peuvent être mesurées.
 
Nous avons dû utiliser le plus brillant faisceau à rayons X dans le monde pour cette expérience parce que l’échantillon du magma est si minuscule et confiné dans contenant massif et très absorbant. Sans un faisceau lumineux de rayons X, vous ne pouvez pas mesurer ces variations de densité, explique Mohamed Mezouar de l’ESRF.
 
Les mesures à l’ESRF ont été combinées avec des simulations informatiques pour calculer la densité du magma à n’importe quel endroit dans la Lune. Presque tous les magmas lunaires ont été évalués comme moins denses que leur environnement solide, semblables à la situation sur Terre. Il y a une exception importante : de petites gouttelettes de titane riche en verre, d’abord trouvées dans les échantillons de la mission Apollo 14, produisent du magma liquide plus dense que les roches trouvées dans les parties les plus profondes du manteau lunaire aujourd’hui. Ce magma ne devrait pas aller vers la surface.
 
Ce magma riche en titane ne peut être formé que par la fusion de roches riches en titane solide. Des expériences antérieures ont montré que ces roches ont été formées, à des niveaux peu profonds, peu de temps après la formation de la Lune, à proximité de la surface. Comment ont-ils pénétré profondément le manteau ? Les scientifiques ont conclu que les grands mouvements verticaux ont dû avoir lieu tôt dans l’histoire de la Lune, au cours de laquelle des roches riches en titane se sont enfoncées à partir de la surface jusqu’à la limite du manteau du noyau. "Après cette descente, le magma s’est formé à partir de ces roches proches de la surface, très riche en titane, et qui se sont accumulés au fond du manteau. Un peu comme un volcan à l’envers.
 
Aujourd’hui, la Lune continue de se refroidir, comme l’est sa fusion en son intérieur. Dans un avenir lointain, le refroidissement et donc la fonte solidifier vont changer en composition, la rendant probablement moins dense que ce qui l’entoure. Ce magma plus léger pourrait de nouveau effectuer son trajet à la surface, pour former un volcan actif sur la Lune. “Ce qui serait fort agréable à observer de loin, mais pour le moment, c’est juste une hypothèse qui vient stimuler d’autres expériences", conclut Wim van Westrenen.
 
L’étude publiée sur Nature Geosciences, le 19 février 2012 : Neutral buoyancy of titanium-rich melts in the deep lunar interior.
Source via http://www.gurumed.org/2012/02/21/pourquoi-ny-a-t-il-pas-de-volcan-sur-la-lune-et-pourquoi-un-jour-il-pourrait-y-en-avoir-un/
 
"Vers un nouveau paradigme"
2012 et après
Lire aussi:

Indices d'une activité géologique découverts sur la Lune




Photo: RIA Novosti
Les chercheurs américains ont découvert les indices de l'activité géologique assez récente de l'écorce lunaire. Ils estiment qu'outre les processus de compression prédominants il y avait également ceux d'extension de certains secteurs de la surface du satellite naturel de la Terre. Ce phénomène a eu lieu il y a moins de 50 millions d'années, tout récemment en termes de géologie.
Une telle déduction a été faite sur la base de l'analyse des prises de photo par les caméras de bord de l'appareil américain Lunar Reconnaissance Orbiter lancé en juin 2009. Les témoignages de l'extension indiquent que la Lune reste active du point de vue géologique. « Nous estimons qu'en général le satellite se trouve en état de compression graduelle résultant du refroidissement de la matière encore chaude dans son intérieur », souligne Thomas Watters, principal auteur de la recherche.

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