SCIENCES - Qui appelle à une mobilisation internationale pour faire le ménage, sous peine d'être cloués au sol...
De notre correspondant à Los Angeles
SOS, orbite terrestre en détresse. Selon un rapport du National research council, la quantité de débris de l'espace qui tournent autour de notre planète a atteint un niveau «critique». Certains scientifiques estiment même qu'on pourrait avoir atteint le «point de non retour», à partir duquel les collisions deviennent inévitables, créant de nouveaux débris, causant de nouvelles collisions et ainsi de suite (un effet boule de neige modélisé par Kessler en 1978). Le pire scénario? La destruction des satellites actuellement en orbite et l'impossibilité d'en envoyer de nouveaux. Adieu Internet et GPS, hello âge de pierre.Nous n'en sommes pas encore là. Toutefois, la quantité de débris a doublé au cours des quatre dernières années. Deux principaux événements responsables: le test grandeur nature d'un missile anti-satellite par la Chine, en 2007, qui a éparpillé façon puzzle une sonde à la retraite en 150.000 pièces, et la collision accidentelle de deux satellites, en 2009. Au total, la Nasa garde l’œil depuis le sol sur plus de 20.000 débris de plus de 10 cm. Il y aurait au moins 500.000 fragments d'au moins un centimètre en orbite. Et à une vitesse de plusieurs km/s, même une bille peut causer de gros dégâts.
Problème technologique et politique
Si les collisions restent faibles (les volumes sont gigantesques), leur probabilité va augmenter si rien n'est fait, avertit le rapport. En 2009, l'ISS était passée près du drame et avait évacué de manière préventive son équipage, sous la menace d'un bout de vieux moteur de satellite de 13 cm qui était finalement passé à côté. Régulièrement, la Station spatiale international change d'orbite via ses booster d'appoint pour éviter une collision avec des objets plus massifs, détectés longtemps à l'avance.Comment régler le problème? Le rapport ne préconise pas de solution miracle. Il appelle à une coopération internationale visant à tester différentes techniques afin de déterminer le meilleur rapport efficacité/prix. Pour l'instant, le problème est autant technologique que politique: les différentes méthodes coûtent cher, et personne ne veut vraiment mener la charge.
En général, une double stratégie est préconisée: déplacer les plus petits débris vers l'atmosphère, pour qu'ils s'y désintègrent, et pousser les plus gros loin, très loin, vers un cimetière galactique. Lasers depuis le sol, canons à eau fixés sur des sondes, «filets de pêcheurs», les solutions exotiques ne manquent pas. L'une des dernières, suggérées par DARPA et EADS, explore l'approche des voiles solaires, qui seraient fixées sur les nouveaux satellites et se déploieraient en fin de vie. Une solution potentiellement low-cost et verte, mais dont l'application aux objets existants reste un challenge. Sinon, il y a toujours l'imagination des auteurs de science-fiction, comme dans le manga Planètes, avec ses éboueurs de l'espace.
Philippe Berry
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