lundi 20 juin 2011

Des parasols géants dans l'espace pour sauver le climat?


Une femme avec un parasol se reflète dans un écran indiquant la température, le 17 août 2010 à Athènes, en Grèce.
Une femme avec un parasol se reflète dans un écran indiquant la température, le 17 août 2010 à Athènes, en Grèce. Thanassis Stavrakis/AP/SIPA


CLIMAT - Les experts des Nations unies se penchent sur les solutions technologiques pour lutter contre le réchauffement climatique...

Trouvailles d’apprentis sorciers ou technologies du futur, les parasols géants dans l'espace ou les tours pour capter le CO2 vont être soumises aux scientifiques des Nations unies. Des spécialistes du Groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec) se retrouvent à partir de lundi à Lima pour passer en revue ces solutions qui soulèvent nombre de critiques de la part de ceux qui redoutent plus de conséquences néfastes que de bénéfices pour la planète. Ils vont regarder à la loupe les options technologiques envisagées pour lutter contre le réchauffement climatique au moment où les négociations internationales patinent toujours.
Ces propositions de géo-ingénierie n'en sont globalement qu'au stade de projets mais certaines ont toutefois déjà été expérimentées. Parmi les options évoquées pour refroidir la planète ou au moins freiner la hausse de la température: «fertiliser» les océans avec du fer pour accélérer la croissance des micro-organismes absorbant le CO2, diffuser des particules artificielles dans la haute atmosphère pour réfléchir les rayons du soleil, construire des tours capables d'extraire du CO2 de l'atmosphère... Sans compter celle, digne de la science-fiction, d'envoyer un parasol géant dans l'espace.

«C'est une façon pratique d'esquiver les engagements de réduction»

Ces réponses technologiques suscitent des critiques face aux risques potentiels d'effets secondaires ou de conséquences non prévues qu'elles pourraient entraîner pour la fine mécanique climatique et la biodiversité. L'autre danger, selon certains observateurs, est politique: la perspective d'une solution rapide au réchauffement affaiblirait le fragile consensus existant sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. «C'est une façon pratique pour les pays du nord d'esquiver leurs engagements de réduction», souligne Silvia Ribeiro, de l'ETC Group, une ONG nord-américaine spécialisée sur les questions technologiques.
Plus d'une centaine d'organisations, dont ETC et Les Amis de la Terre, ont adressé cette semaine une lettre ouverte au Giec «demandant une déclaration claire sur son engagement à la prudence». Il y a quatre ans, dans son quatrième rapport d'évaluation, l'état des lieux de référence sur le changement climatique, les experts de l'ONU avaient écarté en quelques lignes ces options de géo-ingénierie en raison de leurs risques potentiels et de leurs coûts non évalués. Ils choisissent aujourd'hui de regarder le sujet de plus près alors que les négociations climatiques en cours sous l'égide de l'ONU, dont un nouveau round vient de se tenir à Bonn (Allemagne), ne progressent guère.

Le Giec veut apporter une information neutre

Les promesses actuelles de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncées par les pays sont loin de permettre de contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C préconisé par la science. «Mon souci est de remplir le mandat du Giec en apportant la meilleure information disponible pour permettre que soient prises des décisions en connaissance de cause pour protéger le climat et l'environnement», explique à l'AFP Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du groupe d'experts. «Nous allons regarder les avantages et les possibilités, mais aussi les aspects potentiellement négatifs», assure-t-il.
Les experts réunis pour trois jours au Pérou doivent évaluer les connaissances scientifiques sur le sujet mais sans faire de recommandations. «En l'absence d'évaluation objective du GIEC, la seule information disponible pour les décideurs proviendrait d'une grande variété de sources, dont certaines pourraient avoir des intérêts en jeu», fait valoir Jean-Pascal van Ypersele.
© 2011 AFP
20 minutes

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