Le célèbre quotidien américain 'The New York Times' a mené une enquête approfondie sur le contexte entourant l'exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis. Les conclusions de cette investigation permettent de mieux appréhender les liens réels entre des organismes d'état, indépendants en théorie, et les lobbies industriels, désireux d'exploiter les ressources du sous-sol américain sans aucune limite.
Aux Etats-Unis, les compagnies d'énergie ont travaillé dur pour promouvoir l'idée que le gaz naturel est le combustible fossile de demain, et ils ont trouvé des alliés de circonstance dans le secteur des décideurs politiques à Washington.Dans un discours cette année, le Président Obama affirmait que « le potentiel pour le gaz naturel est énorme aux Etats-Unis », considérant que cet état de fait devrait faire consensus chez les démocrates comme chez les républicains.
Le ministère de l'Énergie américain se vantait alors dans les médias d’aider les entreprises à se lancer dans l’aventure du forage en finançant les recherches qui ont permis d'exploiter le gaz piégé dans des formations de schiste en profondeur.
Dans ses rapports annuels de prévision, l'United States Energy Information Administration (Agence d'Information sur l'Energie des Etats-Unis), une division du Département de l'énergie, a augmenté de façon constante ses estimations de livraisons intérieures de gaz naturel, et les investisseurs, l'industrie pétrolière et gazière ont répété sans discontinuer que la manne offerte pas les gaz de schiste ne peut être mise à l’écart.
des milliers de mails incriminés
Mais tout le monde, à l’Agence d'Information sur l'Energie (EIA) des Etats-Unis n’accepte pas cette thèse telle quelle. Dans des dizaines de courriels internes et de documents, des fonctionnaires de cette institution font part de leur scepticisme sur l’avenir de l'industrie du gaz de schiste aux Etats-Unis.Un fonctionnaire affirme par exemple que l'industrie des gaz de schiste est peut être vouée délibérément à l’échec : « Il est fort probable que beaucoup de ces entreprises vont faire faillite », prédit quant à lui un haut conseiller de l'EIA. Même de source officielle, plusieurs échos soulevés par la naissance des « bulles » précédentes, celles du logement et des valeurs technologiques par exemple, et qui se sont terminées en fiascos financiers, n’entrainent pas à un optimisme démesuré.
Les employés de l’EIA, à travers les copies de mails et de documents obtenus par les journalistes du New York Times lors de leur enquête, évoquent souvent une surestimation de la part de l’industrie gazière quant aux réserves réelles de gaz contenues dans le sous-sol américain. La durée pendant laquelle les puits seront productifs est également évoquée, ainsi que les prix élevés que certaines sociétés ont versé pour acheter des bails de droit minier. Ils soulèvent également des préoccupations au sujet de l'imprévisibilité des forages de gaz de schiste.
Plus dans le détail, un haut fonctionnaire de l’EIA décrit dans ses échanges mails une « exubérance irrationnelle » autour du gaz de schiste. Un document de l’EIA s’inquiète également de « l'apparence de la bonne rentabilité du gaz de schiste » communiquée par les entreprises ayant partie prenante dans le secteur des schistes. Ainsi, ces dernières se serviraient des chiffres de production et d’exploitation des meilleurs puits pour faire leurs études, et présenteraient ainsi des modèles d’exploitation sur les décennies à venir partiellement tronqués.
Bien qu'il existe des avantages environnementaux et économiques au gaz naturel par rapport à d'autres combustibles fossiles, sa grande popularité en tant que source d'énergie est relativement nouvelle. En conséquence, il n'a pas reçu le même niveau d'examen, selon certains écologistes et économistes de l'énergie.
le 28/02/12 par Robbie Brown et Kitty Bennett
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