lundi 12 mars 2012

Demande accrue et changement climatique menacent gravement l'eau douce

© AFP/File Anne-Christine Poujoulat
12/03/2012 9:35 am
MARSEILLE - (AFP) - L'accroissement de la population mondiale et le réchauffement climatique, aggravant inondations et sécheresses, menacent les ressources si rien n'est fait pour en améliorer la gestion, avertit le 4e rapport mondial des Nations unies sur la question.

Les prélèvements dans les nappes phréatiques ont "au moins triplé ces 50 dernières années", souligne le rapport co-produit avec l'Unesco et publié à l'ouverture du 6e Forum mondial de l'eau à Marseille.
"Aussi grands soient les volumes contenus dans ces réservoirs aquifères, ils risquent, puisqu'ils ne sont pas renouvelables, de finir par s'épuiser si leur utilisation n'est pas gérée correctement", ajoute-t-il. Dans certaines zones sensibles, précise le rapport, ces ressources souterraines ont déjà "atteint des limites critiques".
Avec une population mondiale qui a dépassé les sept milliards d'individus, les besoins alimentaires devraient augmenter de 70% d'ici 2050, avec une demande croissante pour les produits d'origine animale nécessitant d'énormes quantités d'eau.
"De fait, note le rapport, cette hausse de la demande alimentaire devrait se traduire par une augmentation de 19% de l'eau utilisée par le secteur agricole qui représente déjà actuellement 70% de la consommation globale de l'eau". Ces chiffres risquent d'être bien plus élevés en l'absence de réformes profondes des modes de production et de rendement agricoles, selon les auteurs.
Le document s'alarme également de la forte progression de l'achat transnational de terres agricoles, passé de 20 millions d'hectares en 2009 à plus de 70 millions aujourd'hui. Il note que dans les accords signés entre les pays, l'eau n'est jamais explicitement mentionnée.

Mauvaise qualité

Pour la demande d'eau de consommation humaine, la forte progression viendra surtout des villes. Les populations urbaines devraient doubler à 6,3 milliards d'ici 2050 par rapport à 2009.
"A l'heure actuelle déjà, les besoins d'un certain nombre de citadins en matière d'accès à une eau et des sanitaires de qualité ne sont pas assurés", indiquent les auteurs, rappelant que plus de 80% des eaux usées dans le monde ne sont ni collectées ni traitées.
La mauvaise qualité des eaux nuit à la santé et finit par coûter très cher à la communauté. Le rapport préconise une approche préventive et l'implication des pollueurs (industriels, agriculteurs et consommateurs domestiques), des décideurs locaux et des responsables des réseaux de distribution d'eau dans un plan de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau.
De même, il faudra davantage faire face à l'accélération prévisible des catastrophes naturelles du fait du changement climatique. Les risques liés à l'eau représentent désormais 90% des risques naturels, particulièrement en Asie du Sud et en Afrique australe, avec des conséquences néfastes pour l'agriculture. D'ici 2070, le centre et le sud de l'Europe devraient aussi être frappés.
Enfin, ces pressions risquent d'exacerber les disparités économiques entre les pays au détriment des plus pauvres. "L'eau est le pilier sur lequel repose le développement social et économique", souligne Richard Connor, principal auteur du rapport.
Selon les projections des auteurs, une élévation de 2 degrés de la température moyenne mondiale pourrait entraîner des coûts d'adaptation de 70 à 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2050, dont un peu moins d'une vingtaine liés au secteur de l'eau.
© AFP

Good Planet

Les chiffres sur l'accès à l'eau dans le monde restent alarmants


Une personne remplit un verre d'eau © AFP/Archives Jacques Demarthon
12/03/2012 11:29 am
MARSEILLE - (AFP) - En 2010 près de 800 millions de personnes étaient sans accès à l'eau potable dans le monde et 2,5 milliards sans installations sanitaires de base, selon les derniers rapports de l'OMS, l'Unicef et l'ONU publiés à la veille de l'ouverture du Forum mondial de l'eau.
A en croire ces nouveaux chiffres, l'objectif du millénaire de réduire de moitié d'ici 2015 le nombre d'habitants sans eau potable, par rapport à 1990, a ainsi été atteint avant terme, voire déjà légèrement dépassé. Au total 89% des humains (6,1 milliards de personnes) avaient fin 2010 "accès à des sources améliorées d'eau potable", alors que l'objectif pour 2015 était de 88%.
Pourtant, avertissent l'OMS et l'Unicef, en l'absence d'indicateurs précis sur la qualité de l'eau à l'échelle mondiale, il n'est question que de l'utilisation de "sources améliorées d'eau potable". Et elles soulignent que "d'importants efforts doivent être déployés pour garantir que les sources d'eau améliorées sont et demeurent salubres".
Selon les estimations des opérateurs privés de services d'eau (Aquafed), la réalité est plus alarmante. "Entre 3 et 4 milliards de personnes n'ont pas accès de façon pérenne à l'eau et elles utilisent tous les jours une eau de qualité douteuse, c'est plus de la moitié de la population mondiale", affirme à l'AFP Gérard Payen, président de l'Aquafed et l'un des conseillers sur l'eau du secrétaire général de l'ONU.
De plus sur les 3,8 milliards de personnes ayant accès à l'eau du robinet, un milliard sans doute n'ont l'eau que quelques heures par jour, voire quelques jours par semaine, selon M. Payen. "On ne peut pas alors parler d'eau potable" du fait du mauvais état des réseaux de distribution. Les changements de pression détériorent les canalisations plus susceptibles de laisser passer les pollutions contenues dans le sol.

Sept morts par minute

A l'échelle régionale, les disparités restent fortes entre l'Afrique subsaharienne toujours la plus pauvre et la plus mal lotie (plus de 40% des personnes sans accès à l'eau potable) et les pays émergents d'Amérique latine et d'Asie. De même, les campagnes des pays pauvres présentent toujours un bilan alarmant: 97% des habitants n'y ont pas accès à de l'eau distribuée par canalisation et 14% y boivent l'eau des rivières, étangs ou lacs qu'ils partagent avec les animaux.
Côté assainissement, les statistiques sont également sombres: 2,5 milliards de personnes ne disposaient toujours pas fin 2010 d'installations sanitaires et "1,1 milliard pratiquaient toujours la défécation à l'air libre, dont la grande majorité en milieu rural", selon le rapport OMS-Unicef.
"Quelque 64% de la population mondiale faisant ses besoins au grand air vit en Asie du sud, rien qu'en Inde ils sont 638 millions dans ce cas", souligne le rapport 2012 de l'ONU sur l'évaluation des ressources en eau publié lundi.
Aussi l'objectif du millénaire d'équiper d'ici 2015 les trois quarts de l'humanité de services d'assainissement corrects ne sera pas atteint.
Par ailleurs, "jusqu'à 90% des eaux usées des pays en développement s'écoulent, sans avoir été traitées, dans les rivières, les lacs et les zones côtières, menaçant la santé et la sécurité alimentaire, l'accès à l'eau potable et à l'eau de lavage", selon le rapport de l'ONU.
Les eaux insalubres restent la première cause de mortalité dans le monde, avec 3,6 millions de victimes par an dont une majorité d'enfants, rappelle Alain Boinet, président de Solidarités internationales. "Cela fait sept morts toutes les minutes", ajoute-t-il.
© AFP

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