Deux paramètres majeurs influent sur le climat de notre planète : la concentration en gaz à effet de serre et la position astronomique de la Terre par rapport au soleil. Le premier modifie la température de notre atmosphère et le deuxième la quantité d'énergie que nous recevons de notre astre.
Depuis environ 1,8 millions d'années, la Terre connaît une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires rythmées principalement par des paramètres astronomiques (variation d'excentricité de l'ellipse de l'orbite terrestre, obliquité de l'axe des pôles et précession des équinoxes), on parle de cycles.
Actuellement, nous sommes dans une période interglaciaire (appelée Holocène), particulièrement propice au développement de nos civilisations, et qui a débuté il y a environ 11 600 ans. Alors qu'une période glaciaire dure environ 80 000 ans, les périodes interglaciaires sont plus courtes (de quelques milliers d'années à 20 000 ans).
Le dernier âge glaciaire : un monde bien différent
Rappelons qu'au moment du dernier maximum glaciaire, il y a environ 20 000 ans, le sol européen était en partie gelé et le niveau de la mer était inférieur d'environ 120 mètres. En hiver les températures descendaient régulièrement jusqu'à -30°C, les pingouins et les phoques se baignaient en Méditerranée, les glaciers recouvraient l'Ecosse et le nord des Pays-Bas, la Manche était à sec et on pouvait donc rejoindre l'Angleterre... A pied(1) !Heureusement, ce scénario « frigorifiant » ne devrait pas se reproduire avant quelques dizaines de milliers d'années. En effet, un certain nombre de scientifiques français(2) estiment que notre période interglaciaire actuelle devrait être exceptionnellement longue et pourrait se prolonger pendant encore 20 000 à 60 000 ans !
Un nouvel âge glaciaire dans seulement 1500 ans ?
Mais c'était sans compter sur de nouveaux calculs effectués par une équipe internationale pilotée par Chronis Tzedakis à l'University College London (UCL).En se basant sur les signes précurseurs d'un changement de cycle via l'analyse des changements brusques de températures au Groenland et en Antarctique, ces scientifiques ont identifié une période (nommée Marine Isotope Stage 19c - ou MIS19c) similaire à la nôtre (même quantité d'énergie solaire reçue), il y a 780 000 ans. A ce moment, des changements profonds des courants océaniques ont eu lieu, précipitant la Terre dans une nouvelle période glaciaire.
Ainsi, par analyse des signes précurseurs passés, la prochaine période glaciaire ne devrait pas apparaître dans quelques dizaines de milliers d'années mais dans seulement... 1500 ans, c'est à dire demain, à l'échelle de l'histoire climatique de la Terre !
Le professeur Tzedakis a déclaré : "l'incertitude concernant l'imminence d'un hypothétique âge glaciaire découle de la faiblesse inhabituelle du rayonnement solaire minimum en été, ce qui caractérise la situation actuelle."
Or, les chercheurs ont constaté que le début de l'ère glaciaire qui s'est produit il y a environ 780 000 ans, s'est amorcé dans les mêmes conditions de rayonnement solaire qu'actuellement. Toutefois, à cette époque, un facteur de taille n'était pas le même qu'aujourd'hui : il s'agit de la concentration en gaz à effet de serre.
En effet, il y a 780 000 ans, les concentrations en dioxyde de carbone ne dépassaient pas 240 ppm(3), contre près de 393 ppm actuellement ! Et cela change tout... De telles quantités de gaz à effet de serre dans l'atmosphère contribuent à réchauffer singificativement l'atmosphère comme en témoignent les records de températures enregistrés depuis des décennies. Ce qui devrait alors retarder l'arrivée de la prochaine glaciation. Si les paramètres astronomiques semblent réunis pour l'imminence d'un nouvel âge glaciaire, les concentrations en gaz à effet de serre devraient être inférieures à 240 ppm(4).
"Aux niveaux actuels de CO2, et même si toutes les émissions stoppaient instantanément, nous connaîtrions probablement une longue période interglaciaire, dont la durée dépendra des mécanismes de long terme qui interviendront pour résorber ce CO2", précise le Dr Skinner du département des sciences de la Terre de l'Université de Cambridge.
Le réchauffement climatique : une bonne nouvelle pour contrer les glaciations ?
Si cela semble être une bonne nouvelle et pourrait satisfaire les allergiques aux mesures de réductions des émissions de gaz à effet de serre, le professeur Tzedakis insiste sur le fait "qu'aucune variabilité naturelle ne pourra modérer les effets d'un réchauffement planétaire d'origine anthropique".Soulignons qu'il y a seulement 20 000 ans, le climat et les paysages de l'hémisphère Nord étaient profondément différents avec des températures moyennes de seulement 5°C inférieures à celles que nous connaissons actuellement.
Or, Luke Skinner a averti que l'action de l'homme ne se borne pas à maintenir artificiellement le climat en mode interglaciaire, mais le réchauffe considérablement. En effet, à cause de nos activités et de notre inertie politique, la température moyenne devrait augmenter d'au moins 2°C et d'au plus 6,4°C selon les prévisions du GIEC : la face du monde et nos sociétés s'en trouveront bouleversées pour des millénaires et ce, dans seulement quelques décennies...
Christophe Magdelaine / notre-planete.info - Tous droits réservés
Et qu'est ce qui se passait il y a 780000 ans?...une inversion des pôles ;)
et surtout, n'oublions pas un autre élément non pris en compte dans cet article:
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