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La pollution à Singapour, provoquée par des feux de forêts dans
l’Indonésie voisine, a atteint vendredi un niveau « dangereux »,
poussant Jakarta à recourir aux moyens extrêmes, comme l’ensemencement
de nuages dans l’espoir de faire tomber une pluie providentielle.
L’indice de pollution à Singapour a dépassé les 400, un record
historique qui « peut représenter une menace pour la vie des malades et
des personnes âgées », a indiqué l’agence gouvernementale de la qualité
de l’air. Le niveau était retombé à 143 en fin de journée. Tout indice
supérieur à 300 est considéré comme « dangereux » pour la santé des
quelque 5,3 millions d’habitants de la cité-Etat, où les gratte-ciels de
verre et d’acier étaient perdus dans une fumée à l’odeur âcre.
Les Singapouriens, souvent considérés comme des obsédés de la
propreté et de la santé publique, se ruaient chez leur médecin. Philip
Koh, médecin de famille, a ainsi observé une hausse de 20% de patients
dans son cabinet. « C’est déjà élevé, à 400. Jusqu’à où ça va monter? »,
se demande le médecin, précisant que les stocks de masques jetables de
sa clinique étaient presque épuisés.
L’Indonésie responsable
Chaque année à la même période, la petite île de Singapour étouffe sous
l’épaisse fumée que lui envoie l’île indonésienne voisine de Sumatra, où
la culture sur brûlis est encore largement pratiquée. Mais le problème
atteint cette fois-ci des proportions historiques, provoquant une guerre
des mots entre l’Indonésie et Singapour. Le ministre singapourien de
l’Environnement, Vivian Balakrishnan, a effectué vendredi un déplacement
en Indonésie, après avoir la veille exhorté l’archipel à agir « de
manière décisive et urgente ».
Mais à Jakarta, Agung Laksono, le ministre indonésien responsable de
la lutte contre les feux de forêts, a répondu très sèchement, estimant
que Singapour « devrait cesser de se comporter comme un enfant et de
faire tout ce bruit ». Le ministre a par ailleurs renvoyé la balle à la
cité-Etat, évoquant la possibilité que les feux aient été allumés par
certaines plantations de palmiers à huile singapouriennes ou
malaisiennes qui ont d’importantes concessions à Sumatra.
L’Indonésie n’en a pas moins redoublé d’efforts. Lors d’une réunion
d’urgence jeudi soir, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a
ordonné « la mobilisation immédiate des ressources du pays ». Mais les
pompiers sont « dépassés », confesse Ahmad Saerozi, responsable de
l’agence de conservation des ressources naturelles de la province de
Riau, ravagée par les incendies.
Déclenchement artificiel de pluie
Face à ces difficultés, les autorités ont décidé de recourir à des
moyens originaux comme le déclenchement artificiel de pluie. Trois
hélicoptères et deux avions ont été dépêchés vers Riau afin d’ensemencer
les nuages, a indiqué le porte-parole de l’Agence nationale des
catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho. La technique consiste à larguer de
vastes quantités de produits chimiques dans les nuages afin de provoquer
la formation de cristaux de glace qui accélèrent l’éclatement
d’averses.
Seule cette pluie providentielle semblait en mesure de venir à bout
des incendies qui s’étendent sur des centaines d’hectares. Le Premier
ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, a averti que le pic de pollution
pourrait durer « plusieurs semaines », une hypothèse qui pourrait
sérieusement affecter l’économie de l’île, en partie dépendante du
tourisme.
Le nuage de fumée représente également une menace d’accident dans
l’importante voie maritime du détroit de Malacca, a averti l’Association
singapourienne du transport maritime (SSA), qui s’est dit « très
inquiète ». La pollution atmosphérique touche également la Malaisie
voisine. Des centaines d’écoles ont dû être fermées tandis que la
capitale Kuala Lumpur commençait à être envahie par un épais smog, sans
cependant que l’indice de pollution atteigne un niveau inquiétant.
Source+photographies supplémentaires: 7sur7.be
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