Bedmap2 précise non seulement la topographie réelle du continent antarctique sous l'inlandsis, mais aussi celle de l'inlandsis lui-même. On voit ici une image de synthèse déduite de Bedmap2 représentant le nouveau visage de la calotte polaire australe. © Nasa’s Goddard Space Flight Center |
Comprendre les interactions entre le climat mondial et l’Antarctique nécessite de connaître le comportement de son inlandsis. Pour cela, la connaissance de la topographie sous le glacier est requise. Le British Antarctic Survey et la Nasa viennent de révéler la carte de cette topographie la plus précise à ce jour.
La nouvelle banque de données concernant l’inlandsis austral, c'est-à-dire le glacier couvrant le continent antarctique, s’appelle Bedmap2. Elle contient une compilation de données altimétriques obtenues depuis l’espace et de données recueillies par échosondage à partir d’avions, ainsi que d’autres informations parfois collectées depuis des décennies.
Cette vidéo montre les progrès dans la détermination
de la topographie du sol sous l'inlandsis de l'Antarctique avec
Bedmap2. Les hauteurs ont été multipliées par 17 pour rendre plus
facilement visibles les montagnes et les vallées du sixième continent.
Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le
rectangle avec deux barres horizontales en bas à droite. Les sous-titres
en anglais devraient alors apparaître, si ce n'est pas déjà le cas. En
passant simplement la souris sur le rectangle, vous devriez voir
l'expression « Traduire les sous-titres ». Cliquez pour faire apparaître
le menu du choix de la langue, choisissez « français », puis cliquez
sur « OK ». © NASAexplorer, YouTube
Comme le montre la vidéo mise en ligne récemment par
la Nasa, Bedmap2, qui succède à Bedmap1 constituée voilà dix ans, a
permis de reconstruire la topographie propre au continent débarrassé de
sa calotte polaire. Le nouveau visage de l’Antarctique provient en fait
des efforts des membres du British Antarctic Survey. Mais ceux-ci ont utilisé les informations concernant l’épaisseur de la glace collectées lors de l’opération IceBridge.
Épaisseur de la glace antarctique en 25 millions de mesures
Menée par la Nasa en utilisant le Multichannel Coherent Radar Depth Sounder (MCoRDS)
lors de campagnes aériennes, cette opération a fourni 12 % des 25
millions de mesures d’épaisseur de l’inlandsis effectuées de façon
similaire depuis 50 ans environ.
Pour constituer Bedmap2, les informations altimétriques fournies par le satellite de la Nasa IceSat (Ice, Cloud and land Elevation Satellite) ont aussi été précieuses. Ces dernières années, l’emploi du GPS au sol a aussi contribué à améliorer la précision des données.
Comme le prouve l’article concernant Bedmap2 publié dans la revue The Cryosphere,
notre connaissance de la calotte polaire australe s’est améliorée, et
cela a apporté son lot de surprises. Certains pourront sans doute
regretter qu’elles ne soient pas à la hauteur de celles du roman de René
Barjavel, La nuit des temps.
Une clé pour modéliser le réchauffement climatique
On a ainsi découvert que le volume de glace en Antarctique
est 4,6 % plus élevé qu'on ne le pensait, et qu'une plus grande
quantité de glace susceptible de fondre rapidement, car vulnérable au
réchauffement des courants océaniques, était présente. Toutefois,
l'estimation d'une hausse de la hauteur des océans de 58 mètres en cas
de fonte de la calotte polaire australe a été maintenue, quoique déterminée avec plus de précision.
Bedmap2 révèle aussi que le continent possède des
régions en dessous du niveau de la mer plus profondes en moyenne qu'on
ne le pensait. On sait ainsi que le point le plus bas est situé sous le
glacier Byrd, en terre Victoria. Il se situe 2.870 m sous le niveau de
la mer, ce qui représente une augmentation de l'estimation de sa
profondeur de 400 m par rapport à Bedmap1. C'est aussi le record de
profondeur pour une région continentale.
Ces connaissances nouvelles vont permettre de
préciser les paramètres contrôlant l'écoulement et la fonte de la couche
de glace recouvrant l'Antarctique en réponse au réchauffement climatique. Inversement, ces modifications de l'inlandsis mieux comprises viendront nourrir les modèles climatiques en précisant leur rôle dans le réchauffement global de notre planète.
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
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