Le 11 mars 2011, le Japon a vécu le scénario du pire. : un séisme de magnitude 9, suivi d'un tsunami gigantesque, qui a provoqué un accident nucléaire majeur. Un an après, les Japonais tentent de se relever de cette tragédie, mais les conséquences se feront longtemps ressentir.
• 19 000 victimes
Le séisme et le tsunami ont causé la mort de 15 846 personnes, selon un bilan datant de février, et 3 317 personnes sont encore portées disparues. A cela s'ajoutent environ 6 000 blessés. Plus de 300 000 Japonais ont quitté leur maison, détruite par le tsunami ou située dans une zone contaminée.
• Les réacteurs de Fukushima en état "précaire"
L'interruption de l'alimentation électrique et du circuit d'eau a provoqué une fusion des coeurs des réacteurs 1,2 et 3. Fin 2011, la société Tepco a décrété l'"arrêt à froid" de ces réacteurs. "Cela n'a pas beaucoup de sens, nuance Thierry Charles, de l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Cela veut dire qu'il y a principalement de l'eau liquide et peu de vapeur, donc moins de rejets".
• Encore des rejets
Le circuit de refroidissement a été rétabli dans la centrale mais des rejets diffus sont encore mesurés dans la mer et dans l'atmosphère. Pour les bloquer, un "couvercle" doit être installé sur le réacteur 1 et une digue doit arrêter les écoulements dans l'océan.
• Un démantèlement dans trente ans
Il est toujours impossible d'introduire de robots, et encore moins de travailleurs, à l'intérieur du réacteur, très radioactif. A terme, le Japon n'envisage pas de créer un sarcophage comme à Tchernobyl. Le projet est de retirer les combustibles des piscines, dans deux ans, puis des réacteurs, dans environ dix ans,. Le site ne serait pas démantelé avant trente ou quarante ans.
• 24 000 km2 contaminés
Les cartographies montrent des contaminations importantes sur 24 000 km2 autour de la centrale, avec de fortes disparités locales selon les endroits où se sont concentrées les pluies chargées d'éléments radioactifs. "La contamination a fortement décru dans l'année, mais on est dans un scénario d'exposition chronique et pérenne à des faibles doses", selon Didier Champion, de l'IRSN. Le retour dans les territoires les plus contaminés nécessite un travail d'assainissement colossal : gratter la terre, laver les bâtiments et retraiter ces tonnes de "déchets radioactifs".
• Des aliments encore suspects
Les légumes à feuille, comme les épinards, ont été les premiers touchés par les rejets radioactifs. Mais une contamination différée est constatée pour d'autres aliments : thé, abricots, bambous, car les particules radioactives ont été stockés par la plante et relâchés dans la sève. Elle pourrait réapparaître à la prochaine récolte. Les limites de césium ont été dépassées aussi pour certains poissons qui remontent des fleuves contaminés.
• Aucun mort officiellement lié à la catastrophe nucléaire
Selon Tepco, seuls six travailleurs ayant oeuvré près de la centrale auraient reçu une dose de radiation supérieure à 250 millisieverts, sans qu'aucun effet directement attribuable à cette contamination n'ait été détectée. Mais beaucoup d'informations manquent pour évaluer les doses auxquelles ont été exposées les autres travailleurs : pompiers, policiers, agents municipaux.
• Des études sanitaires en cours
Dans les jours qui ont suivi l'accident, les autorités n'ont pas effectué de distribution massive d'iode, pour prévenir le cancer de la thyroïde. Mais dans les semaines qui ont suivi, le Japon a débloqué 720 millions d'euros pour réaliser de vastes études épidémiologiques sur trente ans. Deux millions de personnes ont reçu un questionnaire pour évaluer leur exposition à la contamination. Un bilan médical et psychologique est proposé aux personnes évacuées. Les femmes enceintes et les enfants sont particulièrement suivis, mais "il est trop tard pour mesurer les niveaux d'iode radioactive dans leur thyroïde", déplore Jean-René Jourdain, direction adjoint à la protection de l'homme de l'IRSN.