samedi 7 janvier 2012

Les archives de la météo dépoussiérées pour mieux prévoir l'évolution du climat

La crue de la Seine en 1910 à Paris.

CLIMAT - Les Archives nationales et Météo France se sont associées dans un grand projet de restauration des archives météorologiques...

Dans les 6.300 cartons entreposés sur le site des Archives nationales à Fontainebleau se cachent des milliers de documents d’une grande valeur pour les climatologues.

Entreposées dans des bâtiments amiantés, poussiéreuses et oubliées, les archives de la météo française vont refaire surface grâce à un programme inédit mené par les Archives nationales et Météo-France, soutenu financièrement par la Fondation BNP Paribas.
«En 1976, les Archives nationales ont récupéré des archives datant d’environ 1850 jusqu’aux années 1960, explique Agnès Magnien, directrice des Archives nationales. Ces deux kilomètres de cartons ont été conservés à Fontainebleau, mais largement oubliés.» Ce sont les préoccupations très contemporaines de prévision des changements climatiques qui vont rappeler les archives au bon souvenir des climatologues: «Nous devons disposer de données continues pour faire le lien entre le climat passé et le climat futur, explique François Jacques, président de Météo France. Le fonds extraordinaire de données dont nous allons disposer permettra de tester la validité des modélisations du climat et de comprendre ses modifications.»

Dépoussiérer les cartes du chant du coucou

«Nous allons mieux comprendre la variabilité naturelle du climat, les extrêmes de températures ou de précipitations», se réjouit Philippe Dandin, directeur de la climatologie de Météo France. Pour cela, les cartes et relevés du passé seront numérisés et saisis dans des bases de données: les jolies cartes représentant les dates de moisson de l’orge ou le premier chant du coucou entre 1881 et 1890 vont ainsi entrer directement dans le XXIe siècle en devenant consultables par les scientifiques et le grand public dans des bases de données informatisées.
Mais avant de pouvoir exploiter les cartes, relevés de données ou graphiques cachés dans les cartons, il a fallu dépoussiérer et désamianter les documents: «Nous les avons  nettoyés avec des aspirateurs spéciaux à filtre, explique Sylvie Le Clech, directrice scientifique des Archives nationales sur le site de Fontainebleau. Les documents seront ensuite rangés et identifiés selon les types d’imprimés.»

Une simple girouette au service des climatologues

Pour Sylvie Le Clech, la plus belle trouvaille faite dans ces cartons est une collection de cahiers, soigneusement tenus par un médecin du Tarn entre 1797 et 1841. Chaque jour, le docteur Clos notait, à heures fixes et au même endroit, l’orientation et la force du vent, les précipitations, la luminosité… Une démarche quasi scientifique, avec l’aide d’une seule girouette. Plus tard, ce sont les écoles normales qui formaient les enseignants qui se sont mises à publier des bulletins météo, et les données se sont progressivement complexifiées, intégrant les isobares (des lignes qui relient les points soumis à la même pression atmosphérique) puis dans les années 1930 les lignes de fronts, les fameux anticyclones notamment. De cette époque restent des relevés signés de la main de Jean-Paul Sartre ou de Raymond Aron, lorsqu’ils effectuaient leur service militaire.
Née de la volonté de Napoléon III de sécuriser la navigation maritime, la météo en France a d’abord servi aux navigateurs et aux agriculteurs avant de permettre de faire des prévisions. Aujourd’hui, les climatologues se penchent sur les longues séries de données météo pour anticiper les changements climatiques qui nous guettent.
Audrey Chauvet 
 

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