L'Amazonie, traditionnellement considérée comme un rempart contre le réchauffement climatique, pourrait devenir un contributeur net de CO2 à cause de la déforestation, selon des chercheurs dont l'analyse est publiée mercredi 18 janvier dans la revue scientifique britannique Nature.
Dressant un bilan de travaux récents, Eric Davidson, du Woods Hole Research Center, dans l'Etat du Massachusetts (Etats-Unis), et plusieurs autres scientifiques estiment que l'Amazonie est "en transition" à cause de l'activité humaine : de puits de carbone, elle pourrait basculer émetteur net de CO2 et accroître l'effet de serre.En un demi-siècle, la population de la région de l'Amazonie au Brésil est passée de 6 à 25 millions de personnes, ce qui a entraîné une réduction massive des surfaces forestières au profit de la production de bois et de l'agriculture, expliquent-ils. Le bilan carbone de l'Amazonie – soit la quantité de carbone qu'elle relâche ou prélève dans l'atmosphère – est en train de changer même s'il est difficile de l'estimer précisément. "A cause de la déforestation, le bilan net du bassin de l'Amazone tend à passer de possible puits net de carbone à la fin du XXe siècle à source nette", selon leur article.
EXTRÊMES SÉCHERESSES ET INONDATIONS
Les forêts anciennes comme celle de l'Amazonie sont des facteurs clés face aux défis du réchauffement climatique. Leurs arbres absorbent le CO2 de l'atmosphère lors du processus naturel de photosynthèse. Mais lorsque les arbres pourrissent ou sont brûlés, ou quand les zones forestières sont déboisées au profit de l'agriculture, le carbone retourne dans l'atmosphère, accroissant l'effet de serre.
"La biomasse de la forêt amazonienne contient quelque 100 milliards de tonnes de carbone, ce qui équivaut à plus de dix ans d'émissions mondiales de combustibles fossiles", soulignent les chercheurs. Le réchauffement climatique, en modifiant les paramètres météorologiques, pourrait conduire à relâcher une partie de ce stock, préviennent-ils.
"L'essentiel de la forêt amazonienne peut résister aux sécheresses saisonnières et modérées, mais cette capacité de résistance peut être dépassée. Elle l'a été lors de graves sécheresses naturelles ou expérimentales, indiquant un risque de perte de carbone si la sécheresse s'accroît avec le changement climatique", concluent les auteurs.
Ils relèvent qu'il y a eu des épisodes extrêmes de sécheresse et d'inondation dans les bassins du Tocantins et de l'Araguaia, dont les fleuves ou rivières irriguent la région du Cerrado, qui a subi une importante déforestation. "Là où la déforestation est répandue à des échelles locales et régionales, la durée de la saison sèche s'allonge, préviennent les auteurs, et l'évacuation des eaux augmente à la saison humide."
LEMONDE
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