jeudi 26 mai 2011

Japon: Greenpeace révèle une grave contamination marine

Le port de Soma, près de Fukushima au Japon, le 23 mars 2011 après le tsunami.

RADIOACTIVITE - L'ONG a effectué des prélèvements d'algues au large de Fukushima qui révèlent des taux de radioactivité élevés...

Cinquante fois plus que la limite autorisée: les taux de radioactivité mesurés par Greenpeace sur les algues prélevées à plus de 20km des côtes japonaises sont largement au-dessus des seuils tolérables. Une mission du Rainbow Warrior, le navire de Greenpeace, a permis de collecter algues, poissons et coquillages au large de la centrale nucléaire de Fukushima, qui ont ensuite été analysés par des laboratoires belges et français.
Le résultat des tests est pire que ce à quoi s’attendaient les membres de Greenpeace. Même en dehors des eaux territoriales japonaises, les taux d’iode 131 et de césium 137 et 134, éléments radioactifs, dépassent, parfois plus de cinquante fois, les seuils tolérés. «Ces résultats montrent que la contamination se propage sur de longues distances, et que la radioactivité ne diminue pas par dilution ou dispersion comme le prétendent les autorités», commente Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace.

Iode et césium se concentrent dans les algues

La concentration de la radioactivité est particulièrement forte dans les algues, les niveaux constatés dans les poissons et coquillages étant «pour la plupart en dessous de la limite conseillée». Comme l’expliquait David Boilley, physicien et président de l’Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest), à 20 Minutes en mars dernier, «les algues et les poissons concentrent l’iode mille fois plus que l’eau. L’iode n’ayant qu’une durée de vie de huit jours, au bout de dix semaines, elle devrait être divisée par mille». Mais depuis le 11 mars, date du séisme et du tsunami qui ont déclenché la catastrophe nucléaire, la centrale de Fukushima n’a pas cessé de rejeter des eaux radioactives, ne permettant pas aux taux d’iode de diminuer.
En ce qui concerne le césium, «il peut être stocké dans les sédiments et dans ce cas-là, il ne sera pas dispersé par les masses d’eau. Des réservoirs locaux de pollution peuvent apparaître, précisait David Boilley. Les sédiments vont relâcher petit à petit les éléments radioactifs et la pêche risque d’être interdite pendant longtemps.»

Les aliments contaminés: une menace pour la population

Greenpeace met en garde sur les conséquences «sévères» que ces niveaux de radioactivité pourraient avoir sur la vie marine «et sur tous ceux qui en dépendent». «La contamination des aliments est l’une des sources les plus dangereuses d’exposition à la radioactivité, ajoute Sophia Majnoni. Les Japonais ont le droit de savoir comment la centrale nucléaire de Fukushima affecte leur vie afin de pouvoir se protéger et protéger leurs familles. Les autorités japonaises doivent être complètement transparentes sur la contamination radioactive.»
Dans un rapport publié le 23 mai, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait confirmé que les contaminations s’étendaient bien au-delà des 20km évacués autour de la centrale de Fukushima. Les concentrations à 30km autour de la centrale atteignent jusqu’à 30 millions de becquerels par mètre carré, selon les mesures effectuées par les autorités japonaises.
Audrey Chauvet 

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