jeudi 12 janvier 2012

Réchauffement : les plantes migrent vers les sommets

Des zones d'échantillonnage étaient placées sur chacune des 4 faces des soixante sommets observés. © Gottfried et al. 2012, Nature Climate Change
Plus la température augmente, plus les plantes migrent vers les sommets des montagnes. La première étude à grande échelle rend compte de ce phénomène sur l'ensemble de l'Europe. Le réchauffement climatique provoque bien le déplacement des aires de répartition de ces espèces vers les altitudes plus élevées.
Des chercheurs ont étudié la flore des pics européens afin de détecter un éventuel impact du réchauffement climatique. C’est une des premières analyses à grande échelle sur la migration des plantes due à l’augmentation des températures. Elle montre qu’entre 2001 et 2008, l’aire de répartition des végétaux s'est globalement déplacée vers le sommet des montagnes où la température est plus fraîche. Les scientifiques appellent ce phénomène la thermophilisation.
Ce sont précisément 627 espèces de plantes – arbres exclus car il n’y en a pas à haute altitude – qui ont été observées par des chercheurs venant de toute l’Europe. Ils ont scruté l’aire de répartition de ces végétaux autour de soixante pics dans la plupart des chaînes de montagnes européennes : les Alpes, les Pyrénées, les Carpates, l’Oural, la Sierra Nevada, le Caucase, les Dolomites, etc. En tout, dix-sept régions dans l'ensemble de l’Europe ont fait l’objet d’une analyse. Le but des chercheurs était d’avoir une vue continentale de l’impact du réchauffement, quand la plupart des travaux déjà réalisés ne s’occupaient que de la dimension locale.
Impact du réchauffement sur 70 % des sommets étudiés
 
Et les résultats vont d’ailleurs globalement dans le même sens que les analyses locales qui indiquent souvent un déplacement de l’habitat vers des altitudes ou des latitudes plus élevées. Pour seize de ces dix-sept régions et quarante-deux des soixante pics, il a été décelé un indice de thermophilisation positif, traduisant une migration vers les sommets pour atteindre des températures plus froides.
Le sommet : dernier refuge
 
Qu’est-ce que l'indice de thermophilisation ? Il s’agit d’un chiffre qui rend compte de la migration d’une plante au cours du temps. En 2001 et en 2008, les scientifiques ont recensé la flore au niveau des sommets observés – pour chaque pic, les quatre faces étaient étudiées – et ont calculé l’indicateur thermique de végétation qui prend en compte l’aire de répartition d’une espèce et son altitude.
L’indice de thermophilisation est la différence entre les indicateurs thermiques de végétation de 2008 et de 2001. Ainsi, quand il est positif, les chercheurs peuvent conclure qu’il y a eu une migration vers des altitudes plus importantes et des températures moins chaudes, ce qui peut se traduire par un impact du réchauffement climatique.
Et que se passe-t-il lorsqu'elles parviennent près du sommet ? De manière générale, quand un végétal migre en altitude, son aire de répartition se réduit, jusqu’à ce qu’elle devienne nulle. Souvent, ces espèces, déjà isolées depuis des milliers d’années, sont endémiques de la région. Si bien que lorsqu'une population disparaît d’un sommet, c’est tout simplement l’espèce qui s’éteint.

Par Bruno Scala, Futura-Sciences

Ajoutons a cela l'urbanisation:

Une plante sur trois menacée de disparition en Ile-de-France

Selon une liste qui vient d’être établie par le Muséum national d'Histoire naturelle, près d'une plante sauvage sur trois est menacée de disparition en Ile-de-France. En cause, la destruction des habitats naturels de la flore régionale.
Des experts du Muséum et de Natureparif, l'agence régionale pour la biodiversité ont passé au crible 1.537 espèces indigènes et naturalisées (non originaires de la région mais qui s'y multiplient naturellement) d'arbres, de fougères et de plantes à fleurs de l'Ile-de-France. Avec les observations effectuées et en se basant sur les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ils ont ainsi constaté que bon nombre de ces plantes sont menacées de disparition. Plus précisément, le recensement effectué a permis d'établir que "85 espèces, soit 6 % des plantes semblent avoir disparu de la région depuis le XVIIIe siècle et que 400 autres (26 %) sont aujourd'hui menacées".
Parmi ces dernières, 8% courent un risque majeur d'extinction dans les prochaines années, avec un taux plus important pour les plantes ligneuses, celles à bulbes et rhizomes et les plantes annuelles. C’est l'étalement urbain associé aux changements des pratiques agricoles (cultures intensives) qui sont "responsables de la disparition progressive d'espèces comme l'Adonis d'automne, une petite plante compagne des cultures et classée en 'danger critique d'extinction'", indique le document publié hier et relayé par l'AFP.
De plus, l'Ile-de-France est l'une des dernières régions de la métropole où l'on trouve encore la Sabline sétacée, une petite fleur blanche de la famille des œillets, classée "en danger". Selon l’étude, "les arbres et arbustes sont proportionnellement moins menacés que les autres groupes du fait de la stabilité des espaces forestiers et de l'importance des forêts en Ile-de-France qui recouvrent encore 23 % de la région".

Maxisciences 

LA BIODIVERSITÉ EST MENACÉE!!!!



Trouvé sur: Les agents sans secrets


Quelques mesures simples permettraient de limiter le réchauffement climatique


Les suies jouent un rôle important dans l'augmentation des températures.
Les suies jouent un rôle important dans l'augmentation des températures.AFP/BORYANA KATSAROVA

Eviter plusieurs millions de morts prématurées chaque année tout en permettant de "gagner" un demi degré de réchauffement climatique à l'horizon 2050, ainsi qu'en améliorant la sécurité alimentaire mondiale ? Le tout grâce à la mise en œuvre de seulement quatorze mesures simples et techniquement, comme financièrement, abordables – ne concernant pas, de surcroît, le dioxyde de carbone (CO2) ? Ce n'est pas une plaisanterie, mais la conclusion d'une vaste étude internationale et pluridisciplinaire, publiée vendredi 13 janvier dans la revue Science.

Il n'y a nul tour de magie. Mais l'estimation des bénéfices climatiques, économiques et sanitaires de la limitation des émissions de deux produits des activités humaines : le méthane (CH4) d'une part et les suies d'autre part, ces poussières noires en suspension dans l'atmosphère, issues des combustions incomplètes. Le méthane est, outre un puissant gaz à effet de serre, le précurseur chimique de l'ozone (O3) troposphérique, qui joue un rôle non négligeable dans le réchauffement climatique et dégrade localement la qualité de l'air.
Quant aux suies, elles sont principalement émises dans les grands pays émergents comme l'Inde et la Chine. Elles sont largement issues des fourneaux fonctionnant au charbon, au bois et à d'autres combustibles traditionnels. Ces suies jouent un rôle important dans l'incidence de maladies respiratoires et cardiovasculaires de même qu'elles absorbent l'énergie solaire qu'elles reçoivent, jouant ainsi un rôle certain dans l'augmentation moyenne des températures.

QUATORZE MESURES SUR QUATRE CENTS

"Nous avons essayé de simuler, de la manière la plus réaliste possible, les effets du déploiement des technologies disponibles qui permettent d'améliorer à la fois la qualité de l'air et d'avoir un impact positif sur le climat", explique le climatologue Drew Shindell, chercheur au Goddard Institute for Space Studies et premier auteur de l'étude. Outre de jouer sur les deux aspects – santé publique et climat – l'intérêt de la démarche est que les deux polluants ciblés ont un temps de résidence faible dans l'atmosphère, au contraire du CO2 qui y demeure un siècle au moins. Si l'on cesse de les émettre, leur concentration atmosphérique décroît très vite et les effets bénéfiques sont rapidement sensibles.
Les auteurs ont d'abord introduit dans leurs modèles de simulation quatre cents mesures permettant de réduire toutes sortes d'émissions polluantes. Ils en ont retenu quatorze, les plus rapidement et fortement efficaces : toutes concernent la réduction des émissions de CH4 et de suies. En particulier : le déploiement de systèmes de récupération du méthane dans les mines de charbon ou les installations pétrolières, l'amélioration des réseaux de transport de gaz naturel, la gestion des effluents du bétail, le drainage régulier des rizières (culture très émettrice de méthane), la généralisation des filtres à particules dans les véhicules diesel, le remplacement des fourneaux traditionnels ou le bannissement de la culture sur brûlis...

GAGNER DU TEMPS

La limitation des émissions de suies a surtout un effet sanitaire fort. L'ozone troposphérique issu du méthane a pour sa part un effet important sur les rendements agricoles. Au total, les chercheurs estiment que si les quatorze mesures sélectionnées étaient scrupuleusement appliquées, ce seraient 700 000 à 4,7 millions de morts prématurées annuelles qui seraient évitées, principalement en Chine et en Inde. Par rapport à aujourd'hui, le monde ne se réchaufferait "que" de 0,8 °C d'ici à 2060, contre 1,3 °C anticipé... Dans le même temps, les gains de rendements agricoles permettraient une production mondiale annuelle – toutes cultures confondues – accrue de 35 millions de tonnes, à 135 millions de tonnes... Les marges d'incertitudes sont importantes mais les chiffres sont énormes.
"Il faut vraiment distinguer plusieurs problèmes qui sont un peu mélangés dans la présentation habituelle des enjeux climatiques, rappelle toutefois le climatologue français Hervé Le Treut, qui n'a pas participé à ces travaux. Le CO2 joue un rôle majeur à long terme à cause des quantités énormes qui sont émises et de sa longue durée de vie: il n'y a pas d'alternative à la réduction des émissions de CO2 si l'on veut se protéger d'un réchauffement de 4 °C ou plus, d'une fonte du Groenland ou de l'Antarctique qui se prolonge dans les siècles prochains."
En d'autres termes, les propositions de Drew Shindell sont surtout, comme les auteurs le rappellent eux-mêmes dans leur étude, un moyen de gagner du temps. Car il y a "une crainte forte et justifiée", poursuit M. Le Treut, que "la diminution des émissions de gaz qui restent moins longtemps dans l'atmosphère ne soit vue comme un substitut possible à la diminution du CO2".
Stéphane Foucart

Le monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire