mardi 19 avril 2011

Avec Fearsquare, découvre quel crime a eu lieu en bas de chez toi

Par Pauline Grand d Esnon | Rue89 | 17/04/2011 | 18H01


Un nouveau réseau social anglais, Fearsquare, permet à l'internaute de découvrir le nombre et la nature des crimes commis dans les lieux qu'il fréquente. Une initiative à but scientifique, pour l'instant inapplicable en France.
Au commencement, il y a deux sites distincts. D'un côté, Foursquare. Ce réseau social permet à l'utilisateur d'indiquer les lieux où il se trouve (magasins, monuments, bars, etc.), et de voir également où se trouvent ses contacts. En procédant régulièrement au « pointage » des endroits où il s'est rendu, il expose ses habitudes géographiques à tous les inscrits du site.
De l'autre côté, il y a Police.uk. Sur ce site web de localisation des crimes au Royaume-Uni, il suffit de taper un nom de ville, de quartier ou de rue, pour obtenir le nombre et le genre de crimes commis dans la zone concernée. Ainsi, en cherchant « Coventry Street » à Londres, on découvre que dix-sept crimes ou délits y ont été répertoriés. (Voir la capture d'écran)
Capture d'écran : Police.uk
Le nouveau site Fearsquare a donc croisé les données de ces deux systèmes. Il reprend les dix derniers lieux référencés sur Foursquare par la personne, applique ensuite à ces endroits les statistiques criminelles relevées durant le mois précédent par Police.uk.
Grâce à cette application, un utilisateur anglais de Foursquare peut découvrir si un crime ou un délit a été commis, il y a moins d'un mois, près du restaurant qu'il fréquente.

Près du café du coin, une vraie boucherie

Le but de cette initiative un poil macabre ? Il est scientifique, comme l'explique un article (en anglais) du site ReadWriteWeb. C'est le Lincoln Social Computing Research Center qui est à l'origine du projet ; le centre de recherche va mener une étude approfondie sur le rapport des utilisateurs de Fearsquare à ces statistiques criminelles.
Renonceriez-vous à votre passage rituel au café du coin, après avoir découvert que ses environs ont été le théâtre de crimes violents ou de cambriolages ? Ou faites-vous davantage confiance à votre expérience (« en deux ans, je n'ai jamais eu de problème ») qu'à des chiffres ? Les chercheurs veulent évaluer si ces données personnalisées influent sur la peur du crime et sur les comportements.

« En France, on localise le lieu de la plainte »

Peu de chances que nous puissions appliquer ce concept original à nos statistiques hexagonales. D'abord, parce qu'en France, Foursquare ne rencontre pas encore le même succès que chez les anglophones. Et surtout, parce que notre outil maison de géolocalisation du crime, CartoCrime, n'est guère adapté.
Lancé en avril 2009 par l'Observatoire national de la délinquance (OND), CartoCrime fournit également des données de criminalité et de délinquance en France ; mais les statistiques ne sont disponibles qu'au niveau du département. Le site n'a pas vocation à fournir des données hyper-locales, comme l'explique Jean-Luc Besson, pilote du projet et chargé d'étude cartographie à l'OND :
« En France, on ne localise pas les faits où ils sont commis, mais où la plainte est déposée. Cela crée un décalage géographique. De plus, les données précises, de base, ne sont pas centralisées. Les faits ne sont pas disponibles au niveau local ou communal. »

Aux Etats-Unis, la géolocalisation de criminels sexuels

Et puis, il y a cette réticence, historique et politique, à jouer les intrus dans la vie privée des habitants. Jean-Luc Besson affirme que la question n'a pas été tranchée.
« On va s'orienter, à l'avenir, vers une méthodologie de localisation des faits. Mais rendre publique cette méthodologie, c'est autre chose. Est-ce souhaitable ? Le débat n'a pas encore eu lieu. »
La question déontologique ne se pose pas dans les pays anglo-saxons. La géolocalisation participative est déjà allée bien plus loin que Fearsquare aux Etats-Unis. Dans la nation qui prône avant tout le droit à protéger les siens, les sites de référencement de criminels sexuels sont légion. Noms à l'appui, cette fois.
Illustration : capture d'écran de Fearsquare.
Rue 89


Il faut se donner les moyen pour cultiver la peur!!!

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