mardi 10 janvier 2012

Décembre 2011 : un climat Nord Atlantique hors norme

Illustrations : écarts à la moyenne des températures en Europe et aux USA au mois de décembre.
10 janvier 2012
Le climat exceptionnellement doux enregistré en décembre en Europe et aux USA se prolonge en ce début d’année, avec une absence de neige marquée. Le météorologue Jeff Masters relie ces conditions très inhabituelles à une valeur hors norme de l’indice de l’Oscillation Atlantique Nord, qui mesure de façon normalisée la différence de pression atmosphérique entre la dépression d’Islande et l’anticyclone des Açores.

Ces différences de pression atmosphérique conditionnent le trajet et l’intensité des jet-streams, ces flux d’air parcourant l’atmosphère. La valeur fortement positive de l’indice NAO au mois de décembre reflète une situation qui génère sur les régions de l’Atlantique Nord un fort flux de sud ouest, bloquant la descente de l’air froid du pôle.

Par Jeff Masters, Climate Progress, 7 janvier 2012

Dans le New Hampshire, les fleurs sortent de terre, les montagnes de la Sierra en Californie sont presque sans neige, et les lacs dans une grande partie du Michigan n’ont pas encore gelé.
La nouvelle année commence par un hiver singulièrement hors norme aux Etats-Unis. A Fargo, dans le Dakota du Nord, le mercure a grimpé hier à 55 ° F (12°C), pulvérisant le record du jour le plus chaud en janvier, datant de 1908.

Plus de 99% de la superficie du Dakota du Nord était dépourvue de neige ce matin, et plus de 95% des territoires du pays qui sont normalement enneigés à cette époque de l’année ont une neige inférieure à la moyenne.
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Les températures ont atteint hier 60°F,  dans le Nebraska, soit plus de 30 °F au-dessus de la moyenne.
L’activité orageuse a été presque nulle au cours de la semaine dernière sur l’ensemble des Etats-Unis, et le jet stream est resté bloqué plus au nord, au Canada.
Il est très probable que cette première semaine de Janvier a été la plus sèche de l’histoire météo des Etats-Unis. Des portions du nord de la Nouvelle-Angleterre, le Haut-Midwest, et les montagnes de l’Ouest américain, qui sont normalement sous 30 cm ou de plus de neige n’en ont pratiquement pas reçu,
Environ la moitié du territoire des Etats-Unis a enregistré des températures d’au moins 5 ° F supérieures à la moyenne durant le mois de Décembre, avec des portions du Dakota du Nord et du Minnesota connaissant des températures de 9 ° F  au-dessus de la moyenne.
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Ce début d’hiver étrangement chaud et sec n’est pas limité aux États-Unis - tous les pays d’Europe continentale ont connu des températures bien au-dessus de la moyenne au cours du mois de décembre.

L’Oscillation Nord Atlantique

La douceur de cette première année d’hiver est le résultat de la configuration la plus extrême de jet-stream jamais enregistrée, telle que la mesure l’indice de l’Oscillation Nord Atlantique (NAO).
L’Oscillation Arctique (AO) et son proche parent, l’Oscillation Nord-Atlantique (que l’on peut décrire comme une versionà régionale de la première), sont des configurations météorologiques de l’hémisphère Nord qui sont définies par les fluctuations de la différence de pression atmosphérique au niveau de la mer mesurée entre la dépression d’Islande et l’anticyclone des Açores.
L’AO et la NAO ont des répercussions importantes sur les conditions météorologiques qui règnent l’hiver en Amérique du Nord et en Europe.
L’AO et la NAO affectent la trajectoire, l’intensité et la forme des jet streams, influençant la route suivie par les tempêtes, et leur force.
Durant le mois de décembre 2011, l’indice NAO était de 2,52, ce qui a représente la différence de pression la plus extrême entre l’Islande et les Açores jamais observée en décembre (l’historique de la NAO remonte jusqu’à 1865.) La valeur de la NAO en décembre 2011 vient en deuxième position, derrière le mois de décembre 2006, lui aussi très inhabituel.
Cette importante valeur positive de la NAO reflète une situation où une forte dépression située sur l’Islande provoque sur l’Est de l’Amérique du Nord un vigoureux flux atmosphérique orienté sud-ouest, qui empêche l’air de l’Arctique de descendre vers le sud, sur les Etats-Unis et en Europe.
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La configuration AO / NAO observée cet hiver est à l’opposé de ce qui s’est déroulé les deux hivers précédents, lorsque nous avions eu en décembre les valeurs les plus extrêmes dans la direction opposée, avec des valeurs d’indice AO / NAO très négatives.
Les situations où l’indice AO est négatif affaiblissent les vents d’ouest sur l’Atlantique Nord, permettant ainsi à l’air arctique de pénétrer plus au sud, sur l’est de l’Amérique du Nord et en Europe occidentale, en y apportant des conditions inhabituellement froides et neigeuses.
L’indice de l’Oscillation Arctique en décembre a énormément fluctué au cours des six dernières années, avec les deux plus extrêmes positifs et deux plus extrêmes valeurs négatives jamais enregistrées. Malheureusement, nous ne comprenons pas pourquoi l’AO varie tellement d’un hiver à l’autre, ni pourquoi l’AO a pris une telle configuration extrême au cours de quatre des six derniers hivers. Les modèles climatiques sont généralement trop rudimentaires pour faire des prédictions sur la façon dont le réchauffement climatique d’origine humaine peut affecter l’AO, ou son comportement dans le futur.
Une étude suggère un lien entre l’augmentation de l’activité solaire et les taches solaires et les phases positives de l’Oscillation Atlantique. L’activité solaire s’est notablement renforcée cet hiver comparé aux deux précédents, il est donc possible que nous ayons assisté à l’effet d’une forte influence solaire sur l’AO au cours des 3 dernières années.
Sur le Web
NASA : page « téléconnections », donnant accès aux graphiques et mesures de l’AO et NAO

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