INTERVIEW - L'essayiste, auteur de «L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie» explique comment on pourrait sauver la planète en changeant le système capitaliste et politique...
De notre envoyée spéciale à Calvi,Hervé Kempf ne mâche pas ses mots: avant de dénoncer les inégalités sociales dans son dernier essai L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie (ed.Seuil), il remettait en cause le capitalisme comme un système menant à la surexploitation des ressources naturelles dans Pour sauver la planète, sortez du capitalisme. Rencontre au Festival du Vent avec cet essayiste dérangeant.
Comment en êtes-vous arrivé à remettre en cause le capitalisme et le système démocratique actuel?
Il est de plus en plus clair que les crises écologique et sociale sont liées. La crise écologique, on la connaît, et la crise sociale se caractérise par la montée des inégalités dans le capitalisme de ces trente dernières années. Cela a conduit à la constitution d’une classe de supers riches, d’oligarques qui veulent maintenir cet ordre inégal et qui promeuvent la croissance matérielle de la production et de la consommation. C’est un moyen d’améliorer un peu le niveau de vie de tous et d’éviter que les gens ne remettent en cause l’inégalité et l’injustice de l’ordre social. Mais la croissance matérielle provoque des dégâts écologiques qui deviennent insupportables.
Qui compose cette oligarchie que vous dénoncez?
L’oligarchie, ce sont les 1% les plus riches dans nos sociétés. Ce qui caractérise le régime oligarchique par opposition à la démocratie, c’est la fusion de trois pouvoirs: économique et financier, politique, et médiatique. Cette oligarchie est née de l’évolution du capitalisme dans les trente dernières années: à partir des années 1980, les inégalités sociales ont fortement augmenté alors que la spéculation financière prenait une part démesurée par rapport à l’économie réelle.
Que fait-on à la place si on sort du capitalisme?
Je pense que nous sommes en train de sortir du capitalisme: la crise écologique devient tellement importante qu’elle va empêcher cette augmentation sans fin de la consommation matérielle. D’autre part, la crise sociale devient claire et sensible aussi bien dans nos sociétés qu’à l’échelle de la planète, les inégalités entre pays pauvres et hémisphère nord deviennent insupportables. Il y a deux façons de sortir du capitalisme: soit les tendances autoritaires de l’oligarchie deviennent encore plus fortes avec un risque de régime dictatorial, soit on suit les mouvements populaires qui naissent à travers le monde. Il ya un désir populaire de sortir du capitalisme pour aller vers une société écologique, égalitaire et démocratique. Nous sommes en train de vivre des moments historiques, je ne pense pas que nous soyons en crise mais en mutation.
Le développement durable ou l’économie verte, ce sont des termes qui cachent une volonté du capitalisme de continuer comme avant ou ce sont les leviers pour changer la société?
Tous ceux qui parlent de développement durable ou d’économie verte ne parlent pas d’inégalités. On oublie toujours le pilier social du développement durable. Je ne suis d’accord avec ce terme que si on l’associe à un revenu maximum admissible, sinon c’est un alibi du capitalisme. Vive l’économie verte avec le revenu maximum admissible.
Propos recueillis par Audrey Chauvet, à Calvi
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