Aigrette qui a attrapé une épinoche
© Mila Zinkova
Le changement climatique perturbe les créatures de la planète entière, notamment les poissons. Une nouvelle étude du Royaume-Uni montre que les vers parasites infectant les poissons perturbent la reproduction de ces derniers et qu'ils se développent quatre fois plus rapidement à des températures plus chaudes. Présentés dans la revue Global Change Biology, les résultats montrent que le réchauffement planétaire a la capacité de troubler l'équilibre entre les hôtes et les parasites, et met en danger les populations de poissons.© Mila Zinkova
Des chercheurs du département de biologie de l'université de Leicester ont également découvert que les poissons infectés se comportent différemment, probablement car les parasites manipulent leur comportement, les forçant à se déplacer et à rechercher des températures plus chaudes. L'étude révèle également un ralentissement de la croissance de l'hôte, tandis que le parasite se développe beaucoup plus rapidement dans des températures chaudes.
"Nous avons pu observer que les poissons infectés par les plus grands vers préféraient les eaux plus chaudes, ce qui laisse entendre que les parasites manipulent le comportement de leur hôte à leur avantage pour renforcer leur taux de croissance", commente le Dr Iain Barber du département de biologie de l'université de Leicester, qui travaillait aux côtés de Vicki Macnab, étudiante en doctorat de l'institution.
Commentant les résultats de l'étude, Melle Macnab explique : "La recherche montre un effet spectaculaire des températures environnementales chaudes sur les taux de croissance des parasites dans les poissons hôtes. La taille de ces parasites atteinte dans l'hôte détermine l'impact sur la reproduction du poisson ; ainsi, nos résultats montrent que les parasites ont un impact négatif sur la reproduction du poisson si les températures augmentent. De plus, notre article documente des changements comportementaux des poissons infectés qui indiquent que les parasites manipulent leur comportement pour qu'ils privilégient les environnements aux températures élevées, créant ainsi une rétroaction positive pour exacerber les effets du réchauffement climatique. Cette recherche montre que le réchauffement mondial pourrait perturber l'équilibre entre parasites et hôtes, avec de sérieuses implications pour les populations de poissons."
Selon les chercheurs, les vers parasites infectant l'épinoche se sont développés quatre fois plus rapidement dans les poissons infectés du laboratoire qui se trouvaient dans un aquarium à 20° C par rapport à ceux de l'aquarium à 15° C. Les poissons ont pris plus de temps à se développer dans des températures plus élevées. Les chercheurs pensent que les parasites des poissons peuvent vivre dans températures élevées plus aisément que les poissons qu'ils infectent.
"Ces résultats sont importants car la taille que ces parasites atteignent dans leurs hôtes détermine également le degré d'infection des oiseaux piscivores tels le martin-pêcheur et le héron (les hôtes suivants dans le cycle de vie du parasite) mais également le nombre d'oeufs pondus pour qu'ils se reproduisent", commente le Dr Barber. "Des larves de parasites plus grandes dans les poissons se développent plus vite en vers adultes dans les oiseaux, en produisant encore plus d'oeufs. Après les huit semaines d'étude, tous les vers infectant les poissons maintenus à 20° C étaient prêts à infecter les oiseaux piscivores, alors qu'aucun des parasites des poissons maintenus à une température plus basse n'a atteint la taille suffisante pour être transmis."
Dans une étude de suivi, les auteurs ont également observé que les poissons infectés avec les plus gros vers préféraient les eaux plus chaudes. Cette découverte vient confirmer la théorie selon laquelle ces parasites influencent même le comportement des poissons hôtes de manière à donner l'avantage aux parasites, et ainsi à renforcer leur taux de croissance.
L'étude nous offre donc un aperçu initial du déséquilibre entre hôtes et parasites induits par l'augmentation des températures environnementales.
Référence
Macnab, V. et Barber, I. (2011) 'Some (worms) like it hot: fish parasites grow faster in warmer water, and alter host thermal preferences'. Global Change Biology, publié en ligne le 30 novembre. DOI: 10.1111/j.1365-2486.2011.02595.xAuteur
© Communautés européennes, 1990-2011 / CORDIS, http://cordis.europa.eu/Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.infoParasite qui sévit également sur les abeilles:
© Radio-Canada/Découverte
Nouveau problème observé dans les colonies d'abeilles domestiques : un parasite de mouche conduit ces insectes à quitter leur ruche, les désoriente et provoque leur mort.
Le phénomène a été observé pour la première fois au campus de l'Université d'État de San Francisco par le biologiste John Hafernik et son équipe.
Selon eux, une meilleure connaissance du parasite pourrait aider à mieux cerner la ou les causes du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles observé depuis 2006 un peu partout sur le globe, et particulièrement en Amérique du Nord.
Jusqu'à présent, le parasite de la mouche Apocephalus borealis n'a été détecté que chez des abeilles domestiques en Californie et dans le Dakota du Sud.
L'infestation d'une ruche commence lorsqu'une mouche dépose ses oeufs dans l'abdomen d'une abeille. Une fois infectées par ces parasites, les abeilles abandonnent leurs ruches pour se rassembler près de sources de lumière.
« Nous avons observé que les abeilles infectées tournaient en rond, sans aucun sens de l'orientation. » — Andrew Core, Université d'État de San Francisco
Les abeilles meurent habituellement recroquevillées, à un endroit où elles se sont arrêtées. Cependant, celles infectées par ce parasite ne peuvent pas tenir sur leurs pattes et tombent comme des zombies.
Les chercheurs ont remarqué que les ruches infestées par ce parasite l'étaient aussi par le champignon microscopique Nosema ceranae susceptible de provoquer des infections fongiques et dont nous faisions état en septembre dernier et qui était présenté par des entomologistes français comme l'une des causes possibles de la disparition des abeilles.
Les chercheurs américains pensent que leurs travaux sur le parasite de la mouche Apocephalus pourraient aussi jouer un rôle dans ce phénomène.
Ils veulent entre autres savoir comment le parasite affecte le comportement des abeilles et interfère avec les gènes permettant à ces insectes de maintenir un rythme diurne et nocturne normal.
Les causes du syndrome sont toujours inconnues, mais certaines explications sont avancées par les scientifiques, comme :
- la perte de biodiversité;
- la diminution des ressources alimentaires;
- les changements climatiques;
- la hausse de la monoculture;
- l'augmentation des agents pathogènes.
Les recherches menées jusqu'à ce jour sur les effets du stress chimique, nutritionnel et parasitaire sur la santé des abeilles ne semblent pas désigner un responsable unique, mais une combinaison de plusieurs de ces facteurs.
Parasite qui a même pu être retransmis de la flore a la faune:
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