jeudi 24 novembre 2011

Fukushima: la compagnie Tepco rechigne à dédommager les victimes

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La majorité des 160.000 Japonais évacués des environs de la centrale nucléaire après le tsunami attend toujours les indemnités promises par la compagnie Tepco, de plus en plus critiquée.
Après le tsunami du 11 mars, la compagnie Tepco, qui exploite la centrale accidentée de Fukushima, avait promis d’indemniser avant la fin de l’année les 160.000 Japonais forcés par l’État d’abandonner leur domicile ou leur activité autour du complexe atomique. En moyenne 350.000 euros par personne évacuée, de quoi rembourser les frais engagés lors du déménagement et offrir une compensation financière pour le traumatisme enduré. Mais aujourd’hui, seul un millier d’entre eux a été intégralement dédommagé.

La faute aux formalités administratives, jugées trop lourdes. Un livret explicatif de 156 pages est ainsi nécessaire pour aider les ex-riverains de Fukushima à remplir les formulaires nécessaires à l’obtention d’une indemnité. «Nous avons reçu beaucoup de plaintes sur la complexité des documents à fournir», reconnaît une porte-parole de Tepco. Face à ces critiques, la compagnie vient de réaliser un guide simplifié de quatre pages en tête duquel le groupe s’excuse d’imposer tant de fastidieuses tâches aux victimes. Le groupe, qui mobilise 7600 personnes pour procéder au traitement des dossiers, promet aussi de multiplier les réunions d’information et d’ouvrir des guichets spéciaux pour les évacués. Mais Tepco se dit dans l’incapacité de promettre une échéance, compte tenu des vérifications nécessaires pour chaque dossier.
Tepco sous le feu des critiques
De quoi provoquer la colère des pouvoirs publics, qui aident Tepco à supporter le coût de l’indemnisation des victimes qui, souvent privées de travail, vivent éparpillées dans des logements provisoires ou chez des proches. «Il est extrêmement important pour penser l’avenir de son foyer ou de son entreprise de savoir quand les dédommagements seront versés», a martelé le ministre de l’Industrie, YukioEdano. Tepco a déjà perçu le 15 novembre une avance de 558,7 milliards de yens (5,4 milliards d’euros) de la part de l’Etat, et doit encore recevoir quelque 340 milliards (3,2 milliards d’euros), le tout correspondant à une première tranche de compensations. «S’il est trop difficile de procéder aux paiements d’ici à fin décembre, nous ferons tout pour en verser au moins une partie», promettent les dirigeants de Tepco en réponse aux critiques du gouvernement.
Outre les modalités compliquées, le groupe est aussi critiqué pour l’étroitesse des dépenses qu’elle accepte de prendre en charge. «Tepco part du principe que le travail de décontamination appartient à l’État et pas à l’entreprise, ce qui est contestable», s’agace l’avocat ShigeoTakanashi, invitant les victimes à faire valoir leurs droits sur ce volet. Enfin, la compagnie devrait aussi, selon certains, être contrainte de dédommager les personnes qui, habitant au-delà de la zone interdite de 20 km autour du site, ont fui sans y être obligées par l’Etat. «Elles ne seraient pas parties sans l’accident. C’est donc de la faute de Tepco», explique un sénateur du Parti communiste, Satoshi Inoue.
La plupart des personnes évacuées espère pouvoir retrouver un jour leur maison. «Si on parvient à décontaminer, on peut imaginer un retour partiel», tempère TatsuhikoKodama, directeur du centre Radioisotope de l’Université de Tokyo. «Il est techniquement possible de faire chuter le niveau facilement en coupant les arbres, en enlevant une partie de la terre, puisque la concentration se trouve dans les dix premiers centimètres. Mais cela prend un temps extrêmement long et coûte très cher. Il faut le dire clairement aux habitants : en certains endroits, le retour sera impossible avant plusieurs décennies».

Lu sur Le Figaro
Photo : lemonde.fr
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