vendredi 18 novembre 2011

Les lemmings troubleraient-ils les calculs des climatologues ?

Les lemmings pourraient troubler les calculs des climatologues, selon une étude publiée vendredi par des chercheurs qui ont observé pendant plus de cinquante ans les évolutions de ces petits rongeurs qu'on a longtemps crû capables de suicides collectifs.
Des images satellitaires ont montré une augmentation perceptible des surfaces couvertes d'herbe et de buissons dans certaines régions de l'Arctique, un phénomène attribué au réchauffement climatique. Mais les lemmings pourraient y contribuer, ont découvert avec surprise des chercheurs de l'université du Texas.
«Nous devons réellement faire attention lorsque nous attribuons au seul réchauffement climatique le développement de la verdure en Arctique», relève le principal auteur, David Johnson. «Nous avons montré que les lemmings peuvent favoriser une croissance similaire», ajoute-t-il. L'urine et les excréments des lemmings pourraient rendre le sol plus fertile, facilitant la croissance des plantes, suggèrent les chercheurs. Autre explication possible, les rongeurs dévoreraient les mousses, le lichen et les herbes mortes, ce qui favoriserait la croissance de la verdure.
Des hauts et des bas
«Nous ne disons pas que les lemmings causent cette croissance végétale, parce qu'elle se produit aussi dans des zones où les lemmings ne sont pas présents à des densités importantes», note toutefois David Johnson. «Mais d'après notre étude, il est clair, dit-il, que les lemmings et d'autres herbivores sont plus importants pour certains écosystèmes arctiques qu'on le croyait de longue date».
Les populations de lemmings ont connu historiquement des haut et des bas, ce qui jouerait un rôle clé dans la régulation de nombreux processus des écosystèmes de toundra. Pour mesurer ces effets, l'équipe de scientifiques a mesuré la couverture végétale et la biomasse dans des zones où vivent depuis cinquante ans des lemmings et dans d'autres zones de la toundra près de Barrow (Alaska).
L'étude est publiée vendredi dans Environmental Research Letters, une revue scientifique publiée par l'Institut britannique de physique. 


La légende du suicide des lemmings

Les importantes fluctuations de la taille de sa population ont longtemps intrigué les chercheurs. Si l'on comprend facilement que, comme nombre de rongeurs, il soit capable de se multiplier très vite, on a plus de mal à comprendre les disparitions répétitives d'une grande partie de la population.
L'une des hypothèses, bien qu'actuellement réfutée par différentes recherches scientifiques, est devenue très populaire, c'est celle du « suicide collectif ». Selon cette dernière, les lemmings, se déplaçant en groupes très importants, seraient victimes d'une situation malheureuse : les meneurs, suivis de près par le reste du groupe, seraient incapables d'arrêter leurs camarades dans leur course effrénée, et en arrivant au bord de l'eau ils seraient poussés par ceux qui les suivent, si bien que toute la population plonge vers la mer et se noie. Une autre interprétation de ce « suicide collectif » a été proposée : afin de conquérir d'autres territoires, les lemmings seraient amenés à traverser des rivières, sans s'inquiéter de la largeur de celles-ci ou une fois arrivés à la mer, la confondre avec une simple rivière.
Cette idée a inspiré le jeu vidéo Lemmings ainsi que le film de Dominik Moll (2005), Lemming.
En 1958, les studios Disney présentent un documentaire spectaculaire, White Wilderness, montrant des vagues de lemmings se précipitant dans la mer : le succès est immense et les imaginations sont frappées par ce qui était montré. Ce documentaire a en fait été fabriqué entièrement en studio et utilise abondamment trucage et astuce de mise en scène.
Cette légende du suicide collectif a été formellement démentie par des nombreuses études scientifiques : les disparitions massives ne sont dues qu'à des problèmes écologiques classiques (notamment de la disponibilité de la nourriture et du nombre de prédateurs).

Le réchauffement climatique est une menace pour les lemmings en Norvège

13 novembre 2008

Le réchauffement climatique est une menace pour les lemmings en NorvègeLemming dans la neige
crédit : Paul Nicklen / NGS
Le changement climatique est peut-être responsable de la diminution des populations de lemmings en Norvège. C'est ce que montre une nouvelle étude sur le sujet. Or, une des conséquences du manque de mammifères dans l’écosystème, est que les prédateurs sont forcés de trouver d'autres sources de nourriture...

Les populations de lemmings à travers la Scandinavie ont tendance à exploser naturellement tous les trois à cinq ans, ce qui en pousse un grand nombre à partir à la recherche de nourriture. De temps à autre, cela conduit les rongeurs à sauter dans l’eau et à nager vers de nouveaux pâturages. Ce comportement est à l’origine du mythe selon lequel les lemmings se suicident massivement, ce qui a inspiré un célèbre jeux vidéo.

Quand les lemmings sont en forte expansion, il est difficile de ne pas s'en apercevoir. Par exemple, les Norvégiens ont dû utiliser des chasse-neige pour nettoyer les cadavres des rongeurs écrasés sur les routes. Cependant, depuis ces dernières années, les irruptions se sont raréfiées dans de nombreux endroits de Scandinavie.

Le mauvais type de neige

Kyrre, Kausrud, un professeur de l’Université d’Oslo en Norvège, et ses collègues ont analysé les cycles d’explosion-effondrement des lemmings depuis 1970 sur un site au sud de la Norvège. Leurs conclusions ont été publiées le 6 novembre dernier dans le célèbre journal « Nature ».

Leurs analyses ont révélé qu’il n’y avait pas eu d’explosion du nombre de lemmings depuis 1994, alors que le phénomène se produisait normalement tous les 3 à 5 ans. Les données climatiques recueillies au cours de la même période laissent entendre que des températures plus clémentes peuvent expliquer pourquoi le nombre de rongeurs est resté faible pendant plus d’une décennie.

Pendant l’hiver, les lemmings vivent dans des tunnels sous la neige. La chaleur de la Terre fait fondre un peu de neige près du sol, ce qui crée des poches d’air et procure des accès à la nourriture comme la mousse.
Au cours des dernières années, les températures plus douces ont changé la structure de la neige – avec des effets désastreux sur les lemmings. En effet, au lieu de rester en dessous de zéro pendant la majeure partie de l’hiver, les températures ont remonté au-dessus de zéro un bon nombre de fois, faisant fondre puis regeler le manteau neigeux.
Ce phénomène « permet à l’eau d’entrer dans le système, d’inonder des tunnels de neige et ensuite cela forme des couches de glace sur le sol », a déclaré Kausrud.
Or, de nombreux lemmings se noient quand leurs terriers sont inondés, et ceux qui survivent meurent de faim quand leur nourriture est piègéee sous une pellicule de glace.

De plus, les résultats de l’équipe ont montré que les explosions de populations des lemmings étaient liées aux années ayant des hivers plus froids, donnant des conditions de neige idéales pour pululer. Ils ont aussi montré que les hivers dans le sud de la Norvège ont été plus doux depuis 1994 : les femelles n'ont pu élever un grand nombre de nichées qui entraînent normalement l’expansion des lemmings.

« Leurs conclusions fournissent une preuve convaincante des effets du changement climatique sur les lemmings et plus largement sur leur écocystème », selon Tim Coulson, un biologiste spécialiste des populations du Collège Impérial de Londres, qui n’était pas impliqué dans l’étude.

Mauvaises nouvelles pour les prédateurs

En étudiant les données relatives aux recensements des animaux, Kausrud et ses collègues ont démontré que la rareté des lemmings touchait aussi l’ensemble de l’écosystème.

Incapables de se gaver de lemmings depuis quelques années, les prédateurs tels que le renard polaire et l’harfang des neiges ont dû compter sur d’autres ressources de nourriture comme le lagopède alpin (une espèce de tétraonidé) et le lagopède des saules.
En conséquence, le nombre de ces oiseaux qui nichent sur le sol a diminué. « Les explosions de populations des lemmings diminuent la pression sur les lagopèdes alpins et les lagopèdes des saules», a expliqué Coulson.

Bien que l’étude se focalise uniquement sur une région de Norvège, Kausrud et ses collègues pensent que les effets pourraient se généraliser. « Nous pouvons en effet nous attendre à des changements similaires à travers la Scandinavie, le Canada et l’Alaska » a déclaré un des co-auteurs Nils Stenseth, également de l’Université d’Oslo.

Kausrud et ses collègues pensent qu’il est improbable que les changements climatiques conduisent à l’extinction des lemmings, mais l’impact sur l’écosystème pourrait être grave. Selon lui, « comme les relations de compétition changent entre les prédateurs, les proies et les plantes, c’est la communauté toute entière qui change »

Référence

Global Warming Threatens Lemmings in Norway - National Geographic News

Auteur

Cécile Matricon
 Notre-planete.info

C'est à se demander: pourquoi l'arctique se verdit si vite, quand l'élément cité par ces scientifiques  se raréfie? Laissons donc tranquille cette petite bête qui subissent de plein fouet ses effets. Trouvons une réponse et non une excuse pour dire que ce n'est pas que de la faute au réchauffement

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