lundi 28 novembre 2011

Un nuage de pollution colossal au-dessus de l'Est de la Chine

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Brume épaisse de pollution sur Beijing
DR
Depuis octobre, un nuage brun poussièreux visible depuis l'espace recouvre les mégapoles de Beijing et de Nanjing et uen grande partie de l'Est de la Chine. En cause : une forte pollution atmosphérique liée aux industries et à la circulation automobile que les vents insuffisants ne peuvent dissiper.
Beijing (littéralement "capitale du Nord"), capitale de la Chine et Nanjing (littéralement "capitale du Sud") comptent respectivement 20 et 7 millions d'habitants. Leur développement rapide, leur industrialisation et la forte population émettent d'importants polluants atmosphériques. Résultat : une véritable chape de plomb recouvre régulièrement ses villes en situation anticylonique.
L'expansion de Beijing (appelée également Pékin) se poursuit à un rythme rapide et les voitures se sont rapidement démocratisées. En 1949, lorsque le régime communiste a été fondé, Pékin comptait seulement 2 300 voitures, le million a été atteint en 1997, puis le rythme s'est accéléré avec la croissance économique pour atteindre 4 millions en 2010 et près de 5 millions actuellement(1). Conséquence immédiate : les embouteillages sont devenus un véritable calvaire malgré les mesures de restriction d'usage de la voiture et le développement des transports collectifs. Ces transports motorisés génèrent, comme dans la plupart des grandes villes, une pollution de l'air dramatique et font de Beijing l'une des villes les plus polluées du pays.
De plus, si l'économie de Beijing s'est massivement tertiarisée, il reste des industries lourdes et polluantes qui sont progressivement délocalisées dans des villes voisines.
Nanjing (ou Nankin) est située dans une des plus grandes zones économiques de Chine, le delta du Yangzi Jiang. Les industries du textile, de l'électronique, de l'automobile, de la pétrochimie, du fer, de l'acier et de l'énergie y sont présentes et de grandes entreprises d'État telles que Panda Electronics, Jincheng Motors et Nanjing Steel. L'importance de ce secteur industriel contribue à une pollution atmosphérique constante dans la région.

Un nuage de pollution visible depuis l'espace

Conséquences : un nuage brun colossal d'une superficie d'environ 285 000 km² (la moitié de la France), visible depuis l'espace, se forme chaque année à cette période sur la Chine orientale ! Ainsi, le satellite Terra de la NASA a pu observer et capturer des images de cette gigantesque pollution qui se dissipe très difficilement à cause du manque de vent. Spectaculaire, mais dangereuse puisque cette brume est constituée de particules fines, des poussières de très petites tailles, qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons, puis dans la circulation sanguine.
nuage brun Chine
Nuage brun de pollution au dessus de la Chine orientale, cliché du satellite Terra du 10/11/2011
© NASA / LANCE/EOSDIS MODIS Rapid Response Team at NASA GSFC.
Légende de Michon Scott
Résultat : le nombre d'affections respiratoires explose en Chine. Ainsi, selon Wu Dui, expert en chef du bureau de météorologie du Guangdong, cité par le Quotidien du Peuple en ligne, déclare que ce smog pourrait devenir le premier facteur du cancer du poumon, devant la cigarette !
Actuellement, les normes anti-pollution de la Chine sont plutôt laxistes, déclarait le vice-ministre de la protection de l'environnement chinois dans le Quotidien du Peuple. "La gestion du smog est un processus complexe et à long terme" ajoutait M.Wu : "les pays occidentaux ont eu besoin de 50 ans pour résoudre ce problème, mais si nous prenons des mesures efficaces, il faudra encore une vingtaine ou une trentaine d'années".
A ce titre, le gouvernement se donne pour objectif des diminuer la pollution due aux particules d'environ 10 pour cent pour 2015.
L'OMS estime que, chaque année, plus de 2 millions de personnes meurent du fait de l'inhalation de particules fines présentes dans l'air intérieur et extérieur. Les particules PM10, d'une taille égale ou inférieure à 10 micromètres, peuvent pénétrer dans les poumons, entrer dans la circulation sanguine et provoquer des cardiopathies, des cancers du poumon, des cas d'asthme et des infections des voies respiratoires inférieures.
Ces particules sont massivement émises par les industries, les feux de bois (et de cheminée) et, en France, par les véhicules diesel, pourtant encouragés à l'achat(2).
Si les pays occidentaux peuvent se targuer d'avoir diminuer la pollution atmosphérique liée aux industries, cela est en partie du aux normes de pollution plus sévères mais surtout à la délocalisation massive dans des pays comme la Chine, de surcroît moins regardants sur les conditions environnementales de leurs productions...

Notes

  1. Source : Bureau de gestion de la circulation de Beijing
  2. Via le bonus à l'achat des véhicules diesel considérés, à tort, comme moins polluants, et via la taxation allégée sur le gazole

Sources

Auteur

avatar Christophe Magdelaine 

Notre-planete.info 

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