SCIENCES - Le Centre national d'études spatiales (Cnes) et le CNRS, en partenariat avec l'agence spatiale indienne, lanceront dans quelques jours un satellite dédié à l'observation climatologique sur la ceinture tropicale...
Prendre de la hauteur, pour mieux comprendre les phénomènes météorologiques et de réchauffement climatique. Le Cnes et le CNRS ont présenté ce lundi la mission spatiale Megha-Tropiques, qui sera lancée le 12 octobre prochain. Ce satellite d’observation du climat tropical va embarquer avec lui différents instruments qui, à l'aide de micro-ondes, pourront percer la couche nuageuse terrestre pour analyser les phénomènes de vapeur d’eau et de précipitations.Lancé à 865 km de hauteur, soit bien plus haut qu’un satellite conventionnel, et incliné très faiblement, à 20°, sur l’Equateur, il balaiera la ceinture tropicale jusqu’à six fois par jour, contre seulement deux fois par jour par un satellite classique, et sur une bande de 2.000 km de large.
Cette mission, prévue pour une période de trois ans mais qui devrait être renouvelée au moins pour deux années supplémentaires, est censée «nous donner des éléments sur le phénomène de réchauffement climatique» assure Rémy Roca, du Laboratoire de météorologie dynamique au CNRS, et responsable scientifique de la mission. «Il faut savoir que l’une des principales conséquences du réchauffement sera un bouleversement du cycle hydrologique: nous devrions connaître des précipitations plus importantes. Les scénarios à l’échelle d’un siècle sont connus, et se recoupent dans les grandes lignes. Mais ils ne prévoient pas les mêmes conséquences au niveau local, notamment dans les zones tropicales (Amérique du Sud, Afrique de l’Ouest et Inde) quant aux phénomènes de moussons et de cyclones. Megha-tropiques sera censé nous apporter des réponses.» «Toute modification du bilan énergétique des zones tropicales a des conséquences sur le climat de la planète entière» rappelle-t-on au Cnes.
Mieux comprendre la formation des gaz à effet de serre
Megha-tropiques doit également permettre de «mieux comprendre les phénomènes orageux, et ainsi les anticiper» poursuit Rémy Roca. «Nous pourrons par exemple suivre quasiment instantanément un orage dans toutes ses phases, depuis sa formation jusqu’à sa dispersion.» Il sera ainsi possible, pour la première fois, de contraster le déroulé du développement orageux d’une région à l’autre des tropiques, et de comparer les orages de moussons avec les orages océaniques.La force de cette mission insiste Rémy Roca, «c’est la complémentarité des instruments entre eux. Par exemple, pendant que l’un mesurera la quantité de vapeur d’eau – le principal gaz à effet de serre - dans l’atmosphère, un autre mesurera simultanément la pluviométrie.» Ces données recoupées doivent permettre de mieux appréhender la formation de gaz à effet de serre.
Ce satellite rejoindra les huit autres satellites d’observation à micro-ondes actuellement dans l’espace, qui formeront à compter de 2013 la GPM (Global Precipitation Mission) constellation, une plateforme internationale dédiée à l’observation climatologique. Megha-tropiques est déjà le fruit d’une coopération internationale, puisque financé à 60% par l’Inde et 40% par le Cnes, pour un budget d’un peu plus de 100 millions d’euros. L’équipe scientifique désignée pour le suivre et analyser ses observations sera, elle, basée un peu partout, du Brésil à l’Australie.
Mickaël Bosredon
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