Spaghettis bolognaise à la cantine
© C. Magdelaine / notre-planete.info
Un décret et un arrêté publiés le 30 septembre 2011 réglementent la restauration scolaire en France. Ceux-ci imposent notamment des seuils minimum en viande alors que les conséquences sur l'environnement et la santé sont loin d'être bénéfiques et qu'aucune alternative n'est proposée. L'association L214 monte au créneau.© C. Magdelaine / notre-planete.info
En 2007, selon les estimations de Gira Foodservice, 72 700 structures de restauration collective, publiques ou privées, ont distribué plus de 3 milliards de repas, soit 8 millions de repas chaque jour dont 38 % dans la restauration scolaire et universitaire. Celle-ci s'adresse à de très nombreux usagers captifs c'est-à-dire des élèves qui n'ont pas la possibilité de rentrer chez eux pour le repas de midi.
Le décret et l'arrêté du 30 septembre 2011 s'appuie sur la recommandation du Groupement d'Étude des Marchés de la Restauration Collective et de la Nutrition (GEMRCN), un organisme qui compte parmi ses membres de nombreux représentants des industries agroalimentaires (l'Association Nationale des Industries Agro-alimentaires, le Centre d'Information des Viandes, le Syndicat des entreprises françaises des viandes (SNIV-SNCP), Nestlé, etc.)
Les objectifs nutritionnels généraux visés par cette recommandation sont les suivants:
- augmenter la consommation de fruits, de légumes et de féculents ;
- diminuer les apports lipidiques, et rééquilibrer la consommation d'acides gras ;
- diminuer la consommation de glucides simples ajoutés;
- augmenter les apports de fer ;
- augmenter les apports calciques.
L'association L214, qui se désigne comme une "association de protection animale oeuvrant pour une pleine reconnaissance de la sensibilité des animaux et l'abolition de pratiques (élevages, abattoirs...) qui leur sont nocives", dénonce une intox nutritionnelle : « au lieu d'indiquer les apports nécessaires en divers types de nutriments et d'indiquer les divers moyens de les satisfaire, l'arrêté fixe des normes en termes de produits. Il impose notamment des seuils minimum de viande de bœuf, veau et agneau, de poisson et de produits laitiers, ces derniers étant obligatoires dans chaque menu. L'article 1 de l'arrêté indique que chaque menu doit comprendre un plat principal, dont il est précisé en annexe qu'il s'agit du plat proditique (plat principal à base de viandes, poissons, oeufs, abats ou fromages) ».
Ainsi, L214 souligne que dans cette réglementation, "il n'est fait mention nulle part du fait que les besoins nutritionnels en protéines et autres nutriments peuvent être satisfaits de manière alternative par des produits d'origine végétale (à la différence de ce qu'indique le PNNS belge par exemple). Elle impose les produits laitiers comme source unique de calcium. Pire encore, le décret impose un produit laitier par repas, au même titre que l'entrée et le plat principal. Elle véhicule ainsi deux idées fausses :
- seuls les produits laitiers sont sources de calcium
- les produits laitiers sont indispensables
Si l'on avait voulu entretenir la croyance fausse selon laquelle les produits d'origine animale sont indispensables à la santé, en un temps où l'on sent qu'elle se fragilise, on ne s'y serait pas pris autrement."
Quid des végétariens ?
L214 s'indigne du non respect du choix des usagers qui refusent de consommer des produits d'origine animale pour raisons éthiques : « Si l'on refuse de manger de la viande ou du poisson, sera-t-on condamné à manger déséquilibré à la cantine ? ».Or, l'article L.230-1 de la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche du 27 juillet 2010 dit : "La politique publique de l'alimentation vise à assurer à la population l'accès, dans des conditions économiquement acceptables par tous, à une alimentation sûre, diversifiée, en quantité suffisante, de bonne qualité gustative et nutritionnelle, produite dans des conditions durables. Elle vise à offrir à chacun les conditions du choix de son alimentation en fonction de ses souhaits, de ses contraintes et de ses besoins nutritionnels, pour son bien-être et sa santé."
Dans le même temps, soulignons que de plus en plus de restaurants scolaires proposent (voire imposent à tous) des viandes issues d'abattage rituels (halal principalement) pour répondre à des demandes religieuses et communautaires. Or, il ne s'agit pas ici de règle de vie mais de religion, dans des écoles censées être laïques.
Pourquoi s'alarmer ?
Pour L214, « cette réglementation de la restauration scolaire est inacceptable. Elle érigerait en norme un modèle alimentaire fondé sur une hyper-consommation de produits d'origine animale ».Or, ce modèle a des conséquences significatives :
- en termes de souffrance animale ;
- au niveau de la préservation de l'environnement ;
- pour la santé, alors que la recommandation du GEMRCN se veut diététique et sanitaire.
- Enfin, ce modèle accapare une part démesurée des ressources agricoles alors que plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim.
Parce que la restauration collective publique doit être exemplaire d'une alimentation responsable et solidaire, nous ne voulons pas de ce décret et de cet arrêté. »
Auteur
Christophe Magdelainenotre-planete.info
Bonjour,
RépondreSupprimerJe voulais réagir quant à votre article.
Je ne suis pas la pour faire l'apologie du GEMRCN, mais cependant, savez de quoi vous parlez réellement? Je suis diététicien, et un apport protidique par la viande ou le poisson est de meilleur qualité en terme d'acides aminés que l'on ne retrouve que dans la viande, poisson, oeuf, et lait. Ces acides aminés, dits essentiels, sont nécessaires à la croissance, la synthèse de nouveaux tissus.
Egalement, le lait seule source de calcium... Pas la seule, mais la plus efficace. Connaissez vous comment se passe l'absorption du calcium? Savez vous que la disponibilité (donc le pourcentage d'absorption) dépend de l'état de ionisation des ions calcium? Le lait a une quantité de calcium disponible plus importante que dans les autres. Egalement quantitativement, à raison de 125mg de calcium pour 100g d'aliment, contre 45 en moyenne pour les légumes, 30 pour le poisson.
Donc nous n'en sommes pas encore la, mais manger du tofu n'est pas pour tout de suite. Ce qu'il faut comprendre, c'est que les portions distribuées sont calibrées pour répondre à des BESOINS, et non pour écouler des portions de viande. Le laitage et la viande font partie des moeurs dans la tradition française à chaque repas, dans grands nombres de foyers actuels, et ce modèle a été pris pour l'établissement du GEMRCN. Les portions ne sont pas si importantes que ça, même inférieures à celles que l'on peut manger chez soi.
Il faut arrêter de vouloir parler de chose qui vous dépassent de loin, la diététique n'est pas accessible à tout le monde, malgré ce que l'on peut penser.
Ha, également le coté sanitaire... Les produits laitiers sont pasteurisés, voir même stérilisés. Et la qualité de la viande est surveillée également. Mais je suppose que vous deviez le savoir. L'excès de viande en effet peut être néfaste, dans des conditions physiopathologiques particulières.