Etats-Unis: Les «Indignés de Wall Street» obtiennent un répit
MOBILISATION - Les organisateurs appellent à résister...
Les manifestants du mouvement «Occuper Wall Street» (OWS) ont obtenu ce vendredi un répit de la part du propriétaire du parc Zuccotti de Lower Manhattan, à New York, qui leur ont enjoint de nettoyer le campement improvisé où ils se sont installés il y a près d'un mois.Cet ordre de nettoyage, qui devait débuter à partir de 07h00 locales (11h00 GMT), pouvait laisser présager une confrontation avec les forces de l'ordre. L'adjoint au maire de la Grosse Pomme, Cas Holloway, a annoncé dans un communiqué que l'organisme privé propriétaire du parc Zuccotti, Brookfield Office Properties, avait décidé jeudi soir de retarder l'opération de nettoiement, sans dire ce qui avait motivé cette décision.
Occupation permanente du parc
Les manifestants se sont réjouis de ce report, dans le parc où l'ambiance était à la fête. Toutefois, 14 personnes ont été interpellées vendredi au moment où un cortège de plusieurs centaines de manifestants quittait le parc en direction du quartier financier, a indiqué la police newyorkaise.Les manifestants, baptisés les «Indignés de Wall Street» et qui occupent depuis la mi-septembre la partie accessible au public de cet espace vert, craignaient que le nettoyage soit un prétexte pour réduire leur mouvement.
Tôt vendredi matin, un millier d'entre eux étaient sur place, où nombre de leurs camarades avaient passé la nuit à nettoyer eux-mêmes les lieux. «On a beaucoup parlé de la possibilité de nous faire déguerpir», explique Bailey Bryant, un employé de banque de 28 ans qui se rend sur le site des «indignés» après les heures de travail et durant le week-end. «Nous nettoyons nous-mêmes. On ne peut pas dire que le parc soit infesté de rats et de cafards !». Sur Facebook, les organisateurs de la manifestation mettent en garde.
Manque d'hygiène
«Attention, écrivent-ils, il s'agit d'une tactique dont (le maire de New York, Michael Bloomberg) a usé par le passé pour étouffer des mouvements de protestation. Ce genre de tactique a également servi en Europe contre des manifestations similaires».Selon le propriétaire, les conditions dans l'espace vert occupé sont «non conformes aux règlements sanitaires et de sécurité», avec l'absence de toilettes et un manque de poubelles. Il affirme que des voisins se sont plaints de certains comportements déplacés, de l'usage de stupéfiants, de gestes de harcèlement et des odeurs nauséabondes dégagées par les «indignés».
En annonçant le report, l'adjoint au maire a précisé que Brookfield «reporte l'opération prévue de nettoiement du parc et retire provisoirement sa demande d'aide déposée auprès de la police pendant cette opération».
Interdiction de s'allonger sur l'herbe
«Le propriétaire croit pouvoir conclure un arrangement avec les manifestants permettant à l'espace vert de rester propre, sûr, ouvert au public (...) Nous continuerons à surveiller la situation», a ajouté l'édile. De son côté, Michael Bloomberg avait déclaré que les manifestants protestant contre les inégalités économiques pourraient poursuivre leur mouvement tant qu'ils respecteraient la loi. «Nous, nous savons où se trouve la véritable crasse: à Wall Street. Nous ne laisserons pas Bloomberg et le NYPD (ndlr, la police new-yorkaise) hypothéquer notre occupation. C'est une occupation, pas un pique-nique autorisé», insistaient des «indignés».Escortés par la police, des représentants de Brookfield Office Properties s'étaient rendus jeudi auprès des centaines de manifestants qui occupent les lieux pour les prévenir. Ils ont souligné que le parc serait nettoyé puis rouvert au public conformément aux règles en vigueur, qui interdisent spécifiquement d'y camper, d'y installer des sacs de couchage, d'y conserver des biens personnels ou même de s'allonger sur l'herbe - toutes choses que les indignés font depuis leur arrivée, le 17 septembre.
La police new-yorkaise a indiqué qu'elle garantirait l'ordre public tout en précisant qu'il appartenait à Brookfield Office Properties de faire respecter les règles et usages en vigueur dans son parc. «Je redoute une émeute», affirmait jeudi Lauren DiGioia, 26 ans, qui campe au Zuccotti Park depuis une semaine et participe à l'organisation du campement sauvage.
Critique des «méga-riches»
Le mouvement «Occupy Wall Street», parti du centre financier de Manhattan, a fait tache d'huile à travers les Etats-Unis, où la mobilisation touche plus de 1.400 villes, selon le collectif «Occupy Together», qui recense sur internet les initiatives locales. Il touche aussi les campus des lycées, où des rassemblements de solidarité devaient avoir lieu jeudi dans plus de 140 établissements répartis dans la moitié des 50 Etats du pays.A New York, plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, notamment en marge de l'occupation temporaire du pont de Brooklyn. Les forces de l'ordre ont également procédé à des dizaines d'interpellations à Boston, Washington, Chicago ou San Francisco. Les «Indignés de Wall Street» se révoltent notamment contre l'aide massive de l'Etat apporté aux banques privées en pleine crise financière et pensent que les «méga-riches», qui constituent un pour cent de la population américaine, ne paient pas leur part juste d'impôts
Reuters
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